
(....) La furie de ces travailleurs fait suite à l’annonce de l’arrêt de la campagne de la canne à sucre par Louis Muenze, le Directeur du personnel. Pour eux, cela signifie qu’ils ne recevront plus leur prime.
A chaque fin de campagne, ils ont droit à un bonus lorsque l’objectif poursuivi par les autorités est atteint. La campagne passée, il était d’un sac de sucre (22$). Pour cette année l’objectif poursuivi était de 81.000 tonnes de sucre. A trois jours de la fin de cette campagne démarrée le 20 mai, ils ont produit 78.000 tonnes (...)
Echos de la grève
Ayé, je suis rentré.
Les négociations ont duré jusque 18h.
Les coupeurs de canne sont des saisonniers. Ils reçoivent un salaire pour leur travail (maigre, mais bon...) et en fin de campagne, reçoivent une prime en fonction du résultat. Cette prime est fixée avant la campagne. Ils reçoivent 100% de la prime si les objectifs (tonnage de sucre produit) sont atteints, plus si il y a dépassement et moins, "forcément" si l’objectif n’est pas atteint. Et devine qui fixe cet objectif !
Il se fait que cette année, l’objectif en tonnage de canne coupée a presque été atteint (de l’ordre de 80 à 85 % si les chiffres qu’on m’a donné sont exacts). Mais il y a eu 2 incendies dans l’usine. Il a fallu jeter du sucre dans la rivière car le cycle de fabrication n’a pas pu être fini. Bref, les coupeurs ont presque atteint leurs objectifs, mais la prime, calculée sur le sucre produit, ne s’élevait qu’à 30%.
A savoir que la majorité des coupeurs comptent sur cette prime en attendant de trouver un petit boulot pendant la saison des pluies (6 mois).
De plus, le directeur, après avoir annoncé le taux de la prime, ne trouve rien d’autre que de monter dans son avion et de tenter de partir (pas de négociation possible). Quand l’avion s’est trouvé en bout de piste, un bon paquets de coupeurs armé de machettes est sorti de la brousse pour lui barrer le chemin. En manoeuvrant, l’avion a percuté le camion de pompiers qui devait le suivre dans la phase de décollage.
Il y avait 7 personnes à bord, dont le directeur et l’administrateur délégué. J’aurais du en être aussi, mais j’avais décider de prolonger ma mission d’une journée (ouf).
Au final, les coupeurs ont obtenu une prime de 50% et payée anticipativement. Ca s’est calmé pour le week-end, mais pas sûr que l’action soit finie. Le directeur a quitté l’usine hier soir, en voiture (son joujou d’avion est cassé, heureusement, père noël va surement lui en apporter un neuf !)
J’y retourne en janvier...
A tout bientôt.
Sebs
23 octobre 2010