
Depuis plusieurs décennies, les populations tribales du Karnataka sont expulsées des forêts où elles vivent. Des milliers de personnes se retrouvent sans terre et sans droit. Pour survivre, elles sont obligées de travailler dans des conditions de quasi esclavage pour des propriétaires sans scrupules. Fedina, un réseau de 19 associations, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire, les incite à s’organiser pour défendre leurs droits.
(...) « Nous vivions paisiblement à une dizaine de kilomètres d’ici, dans la forêt où je suis né il y a cinquante-cinq ans, raconte Kenchaya. Mon grand-père, mon père y ont vécu. Mon enfance était belle. Nous partagions ces forêts avec les animaux sauvages. Et tout ce dont nous avions besoin s’y trouvait : les baies, les plantes, les fruits et le miel. »
Dans les années 1970, la création de parcs nationaux mais également la construction de réservoirs d’eau dans la région ont sonné le glas de cette vie en totale communion avec la nature. Des dizaines de villages ont été évacués, des milliers de personnes se sont retrouvées sans terre. Et sans droit. À vivre au bord des routes. (...)
Aujourd’hui, les Adivasi continuent de se heurter au manque de volonté politique, mais surtout aux pressions des lobbies liés au commerce du bois ou de l’extraction minière. À cela s’ajoute le rejet des Adivasi par la population majoritaire, et notamment des hautes castes hindoues, qui les considèrent, au même titre que les Dalits (intouchables), comme des citoyens de seconde zone. (...)
L’association BKS, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire fait partie du réseau Fedina et oeuvre dans le district d’H.D.Kote auprès de 25 000 personnes. Son objectif est de faire pression sur les autorités afin d’obtenir les précieux sésames permettant aux Adivasi de rester sur leurs terres. (...)
Quand il sont privés de leur accès à la forêt qui était leur moyen d’existence, les Adivasi doivent chercher du travail ailleurs et se retrouvent à la merci d’employeurs peu scrupuleux. Recrutés à la journée – sans contrat de travail – ils travaillent dans les plantations de café et de poivre dans l’État limitrophe du Kerala. Des journées sans fin pour des salaires d’environ 200 à 300 roupies par jour, à peine 3 à 4 euros. (...)
« Les employeurs exploitent au maximum les journaliers. Ils harcèlent et font usage de la violence. On nous rapporte parfois des cas de viols sur les femmes ». (...)
BKS a créé en 2014 un syndicat local des travailleurs agricoles composé de 750 membres. Le syndicat a récemment obtenu plusieurs victoires importantes. Des augmentations de salaires : 450 roupies pour les hommes et 300 roupies pour les femmes, ce qui se rapproche du salaire minimum, aux environs de 500 roupies – entre 6 et 7 euros. Et une diminution importante du temps de travail des travailleurs syndiqués avec des journées de 8 h 30 au lieu de 10 à 12 heures auparavant.
À ces conditions de travail très dures, s’ajoute l’absence d’écoles pour les enfants et des services de santé inexistants ou trop éloignés. (...)