Pour Gérald Darmanin, les drones sont la "principale" menace à appréhender. Ces engins volants peuvent-ils gâcher la fête olympique ?
Le 26 juillet 2024, des millions d’yeux seront tournés vers la France et sa cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à ciel ouvert, sur la Seine, à Paris. La menace peut-elle précisément venir du ciel ce jour-là et pendant la compétition ? Les drones sont une "menace nouvelle mais sans doute la principale à appréhender", affirmait Gérald Darmanin lors de la signature du protocole de sécurité pour la cérémonie, le 23 mai dernier.
Invité par franceinfo à préciser sa pensée, le ministre de l’Intérieur a évoqué "des tentatives d’attentats, comme en Espagne, qui nous font penser que ce genre d’évènement peut surgir en France". Il faisait référence à la récente condamnation d’un jihadiste, auquel le groupe Etat islamique avait demandé de perpétrer un attentat pendant une rencontre entre le FC Barcelone et le Real Madrid au Camp Nou. "Il y a les bons et les mauvais drones", a résumé le locataire de la place Beauvau.
Comment les distinguer ? C’est l’un des enjeux lors de grands évènements tels que les JO, filmés en partie grâce à ces petits engins volants. "L’opérateur images des Jeux [le Comité international olympique] va utiliser beaucoup de drones, il va falloir les discriminer", prévient Boris Pomirol, colonel à la mission interministérielle de sûreté aérienne au sein du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
Une menace "low cost"
Le spectre d’une attaque terroriste pendant des Jeux olympiques hante chaque pays-hôte depuis plus de 50 ans. Et la menace des drones n’est pas si nouvelle. (...)
Même un survol accidentel d’un stade par un drone pourrait déclencher un mouvement de panique dans la foule. Outre la dimension psychologique, c’est la facilité d’accès à ces appareils qui caractérise la menace. Le nombre de drones de loisirs en circulation sur le territoire français est passé de 400 000 en 2017 à 2,5 millions en 2021, selon les chiffres d’un rapport d’information sénatorial. Certains modèles sont accessibles pour quelques centaines d’euros.
La chasse aux drones est coûteuse
Et la technologie ne cesse d’évoluer, avec des appareils de plus en plus légers. (...)
La capacité de détection de ces instruments est pourtant essentielle pour séparer le bon grain de l’ivraie. Or, si la législation française s’adapte pour encadrer la filière – depuis 2016, les télépilotes doivent s’enregistrer, immatriculer leur drone, suivre une formation et respecter une certaine altitude –, certains passent toujours entre les mailles du filet. "Si quelqu’un sait s’y prendre, il peut couper le signalement électronique", illustre une source militaire.
"Le drone peut avoir été acheté dans un autre pays, où le signalement électronique n’est pas obligatoire. On peut aussi fabriquer un drone assez facilement, en kit."
Une source militaire, à franceinfo (...)
"Les capteurs pour détecter un drone à 2 000 euros coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros. Pour lutter contre une menace à bas coût, on va devoir investir beaucoup", résume Boris Pomirol. D’autant qu’il faut anticiper les bonds technologiques dans le domaine, à l’ère de l’intelligence artificielle. (...)
Dans l’Hexagone, c’est l’armée de l’air qui supervise la lutte contre ces appareils, même si les forces de sécurité intérieure y participent activement. (...)
"De la même manière qu’il est impossible aux forces de sécurité intérieure de prévenir l’ensemble des attentats commis sur le territoire national, (...) il sera impossible qu’aucun acte terroriste, criminel ou malveillant ne soit commis au moyen de drones", écrivaient les anciens députés Stéphane Baudu et Jean Lassalle. D’autres se veulent plus rassurants. "Je ne suis pas très alarmiste, beaucoup d’efforts sont investis et tout sera très contrôlé pendant les JO", fait valoir l’experte Marianne Renaux. Le ministre de l’Intérieur, lui, s’y engage : "Nous serons prêts."