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le Monde
Italie : un navire débarque une quarantaine de migrants à Lampedusa, défiant Matteo Salvini
Article mis en ligne le 8 juillet 2019

Une semaine après le Sea-Watch 3, un nouveau navire humanitaire, l’Alex, a accosté de force, samedi 6 juillet, dans le port italien de Lampedusa avec 41 migrants, finalement, autorisés à débarquer dimanche au petit matin.

D’importantes forces de police ont attendu samedi soir sur le quai ce voilier affrété par le collectif italien de gauche et d’extrême gauche Mediterranea, qui a défié la décision de Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur d’extrême droite, de fermer les ports aux navires des ONG, au risque de fortes amendes.

Après deux jours passés en mer à bord du navire de dix-huit mètres, les migrants ont été finalement autorisés à débarquer vers 1 h 30 (heure locale) dimanche pour être conduits à un centre de regroupement. Le voilier a été provisoirement saisi et son capitaine, Tommaso Stella, fait l’objet d’une enquête pour soupçon d’aide à l’immigration clandestine, rapporte l’agence italienne Agi. (...)

« Les naufragés et l’équipage sont épuisés… Les personnes que nous avons secourues doivent recevoir des soins… Ceci est une situation surréaliste et prolonger l’attente est une cruauté inutile », avait tweeté Mediterranea, alertant sur des « conditions d’hygiène intolérables à bord ».
(...)

L’Alex a été rejoint samedi par un navire de l’ONG allemande Sea-Eye, l’Alan Kurdi (du nom du petit Syrien retrouvé noyé en Turquie en 2015), transportant 65 migrants, qui se trouvait dans les eaux internationales au large de Lampedusa et comptait lui aussi débarquer ses occupants dans le port italien. Il a finalement mis le cap vers Malte. Les autorités maltaises qui avaient interdit son entrée dans leurs eaux territoriales, ont toutefois récupéré dimanche les 65 passagers qui seront répartis dans différents pays européens

En Italie, un décret-loi adopté en juin prévoit des amendes jusqu’à 50 000 euros contre le capitaine, le propriétaire et l’armateur d’un navire qui entrerait sans autorisation dans les eaux italiennes. Après l’accostage de l’Alex, M. Salvini a fait savoir, par un nouveau tweet, qu’il entendait augmenter cette amende jusqu’à un million d’euros. La fermeture des ports est approuvée par 59 % des Italiens, selon un sondage samedi du quotidien Corriere della Sera. (...)

Plus de 30 000 personnes ont manifesté samedi dans une centaine de villes d’Allemagne en signe de solidarité avec la capitaine allemande du Sea-Watch et pour réclamer une prise en charge des migrants sauvés en Méditerranée. Dans un message lu aux manifestants à Berlin, Carola Rackete, qui se trouve toujours en Italie, a déclaré avoir été « contrainte à agir » par « l’irresponsabilité des Etats européens ».

En France, soixante-trois députés du centre et de gauche ont dénoncé, dans une tribune parue dimanche dans Le JDD, la « dérive inquiétante » consistant à « emprisonner des personnes qui sauvent des vies ». Ils ont réclamé « que les Etats européens se mettent d’accord au plus vite pour trouver au niveau européen un mécanisme de débarquement qui permette que la responsabilité ne repose pas sur un seul Etat mais sur plusieurs ». Ils ont également plaidé pour que le débat « sur la dépénalisation du délit de solidarité » soit « ouvert au niveau européen, afin que le “principe de fraternité” gagne du terrain ».

M. Salvini a, lui, réitéré samedi à Milan son appel à réformer le règlement de Dublin qui confie l’examen de la demande d’asile au pays d’entrée dans l’Union européenne, estimant qu’il fait peser un fardeau injuste sur l’Italie.

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