
La nouvelle Initiative de Paix Arabe, formulée récemment à Washington par tous les ministres des Affaires étrangères arabes (y compris palestinien) conduits par le Qatar, reprend les propositions de la Ligue Arabe de 2002 et de 2007 pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, mais elle va plus loin.
Elle réaffirme bien la volonté des Etats arabes de signer des traités de paix avec Israël et d’établir avec ce pays des relations normales, en échange d’un retour aux lignes d’armistice de 1967 et d’un accord sur le problème des réfugiés (sans signifier un retour) ; mais elle envisage en outre maintenant un échange de territoires autour de ces lignes pour laisser à Israël les blocs de grandes colonies où résident environ 80 % des 530 000 « colons » israéliens, installés progressivement depuis quarante-cinq ans en Cisjordanie. (...)
Face à cette avancée, les réactions israéliennes ont été plus que mesurées. Le président Shimon Pérès se montre certes favorable, mais le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a fait part de ses « réserves », puis les autorités ont approuvé jeudi 9 mai la construction de 296 logements dans l’implantation de Beit El en Cisjordanie. La légalisation de quatre colonies sauvages a suivi. Quant à Naftali Bennett, dirigeant de la formation de droite « la Maison juive », membre de la majorité, il a demandé qu’un futur et éventuel accord de paix soit soumis à un référendum, ce qui constituerait une novation en Israël (où la représentation parlementaire se fait à la proportionnelle intégrale) et compliquerait encore une solution négociée au conflit.
Ces positions et ces actes sont regrettables, au moment où les Etats-Unis s’impliquent à nouveau dans la recherche d’une solution et annoncent un « Plan Marshall » de 4 milliards de dollars (3 milliards d’euros) en faveur des Palestiniens. Elles tendent à montrer que, plutôt que de rechercher une paix à des conditions raisonnables, Israël se satisfait au mieux de la situation actuelle de « ni guerre ni paix », au pire continue sa politique de faits accomplis sur le terrain (...)
Il faut saisir la chance offerte par l’Initiative de Paix Arabe. 43 députés israéliens (sur 120) ont signé une pétition demandant au Premier ministre d’y répondre officiellement. Une telle proposition, qui aurait rempli de joie David Ben Gourion à l’époque où il dirigeait l’Etat, est devenue un non-événement. Là se situe sans doute le pire ennemi de ceux qui recherchent une paix de compromis basée sur deux Etats : l’indifférence, le sentiment partagé par la majorité des populations, à la fois israélienne et palestinienne, de ne pas avoir de prise sur la réalité. (...)
La communauté internationale, et notamment les Etats membres de l’Union européenne, doit à son tour se mobiliser pour que cette initiative ne devienne pas un nouveau rendez-vous manqué comme il y en a déjà trop eu dans le passé au Proche-Orient. Elle doit aider le gouvernement israélien à prendre conscience de l’opportunité apparue et qui ne se représentera peut-être plus à l’avenir dans un contexte aussi favorable. (...)