
En Iran, il n’y a pas que des chercheurs en physique nucléaire ou des mollahs va-t-en guerre. Des paysans s’organisent pour résister à la privatisation des semences et préserver la biodiversité. Basta ! a interviewé le syndicaliste paysan iranien Abdol Reza Biglari, à l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, à Périgueux.
Plus de la moitié des paysans du monde produisent leurs semences. Parmi eux, le paysan iranien Abdol Reza Biglari. Issu d’une famille d’agriculteurs, il a mené en parallèle les métiers d’éleveur, d’arboriculteur et de professeur des écoles. Aujourd’hui retraité, il demeure engagé pour l’autonomie alimentaire et le souci d’une alimentation de qualité. Présent à Périgueux à l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, ce paysan livre à Basta ! les raisons de son engagement (...)
Les semences hybrides importées ont aujourd’hui complètement envahi le marché des semences. Même s’il y a encore très peu d’OGM sur le territoire iranien, ils contribuent à l’érosion génétique. Celle-ci est accélérée par la privatisation du secteur des semences : des lois définissent les graines qui peuvent – ou non – être vendues ou échangées, voire même utilisées. Ces restrictions sont un grave problème. Le fait de limiter la conservation des semences par les agriculteurs contribue à nous rendre dépendants des variétés disponibles sur le marché. Nous avons besoin de lois oui, mais de lois qui défendent les droits des paysans. (...)
Tout a été mis en œuvre en Iran pour que l’on se spécialise dans l’élevage. Nous avons oublié notre rôle actif dans la sélection végétale. Les agriculteurs doivent avoir à nouveau accès à des semences et des races animales adaptées à leur environnement, à leur situation économique et culturelle. Avec le soutien de l’ONG Cenesta, un centre pour le développement durable, nous avons commencé il y a six ans un programme participatif de sélection végétale, afin de trouver des variétés locales adaptées.
Nous travaillons avec un chercheur d’Icarda, un centre de recherche international basé en Syrie [1], sur la sélection de variétés de blé et d’orge qui correspondraient à nos besoins. Nous espérons qu’un jour chaque région aura des semences adaptées. (...)