
Fariba Adelkhah est donc sortie de la prison d’Evin dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 février, dans le cadre d’un élargissement de milliers de prisonniers à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la révolution de 1979.
Pour autant elle ignore à l’heure actuelle si elle a recouvré tous ses droits, notamment le droit de voyager à l’étranger et de revenir en Iran ainsi que la possibilité d’exercer son métier de chercheuse. Dans la pratique de la République islamique, et en contradiction avec ses propres lois, la plupart des détenus ainsi rendus à leur famille ne se voient pas restituer automatiquement l’intégralité de leurs effets personnels et de leurs papiers d’identité.
Fariba n’a donc pas récupéré sa carte d’identité, son passeport, ni son ordinateur, son carnet d’adresses ou sa documentation. Comme les autres bénéficiaires de cette mesure de grâce, elle doit solliciter de nouveaux papiers d’identité qui lui permettront de demander un passeport et d’envisager de reprendre ses allers et retours entre l’Iran et la France, lesquels participent de sa vie personnelle et professionnelle et auxquels elle n’entend pas renoncer.
Fariba réside actuellement chez l’une de ses sœurs. Elle va bien mais devra sans doute se livrer à un bilan médical, par prudence, dans la mesure où elle n’a pas pu être véritablement suivie depuis plus d’un an.
Elle n’oublie pas ses codétenues ni les autres prisonniers, Iraniens ou étrangers, qui n’ont jamais fait l’objet de procédures judiciaires équitables. Elle remercie chaleureusement toutes celles et tous ceux qui l’ont soutenue pendant ses années d’emprisonnement, et embrasse ses proches résidant en France ou ailleurs et ses collègues de Sciences Po.
Lire aussi :
– (Sciences Po)
À propos de Fariba Adelkhah : ce que l’on sait
Fariba Adelkhah privée de liberté depuis plus de 1 300 jours
Depuis plus de 1 300 jours, face à l’arbitraire, à l’iniquité, à des conditions d’incarcération qui mettent en péril sa santé, elle fait front avec une force morale et une dignité admirables. Depuis plus de 1 300 jours, sa famille, ses amis, son comité de soutien, Sciences Po et les autorités publiques françaises mettent tout en œuvre pour obtenir sa libération.
Que s’est-il passé depuis l’incarcération de Fariba Adelkhah et Roland Marchal le 5 juin 2019 ? (...)
Fariba Adelkhah et Roland Marchal, tous deux chercheurs au centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), ont été arrêtés en Iran le 5 juin 2019.
De décembre 2019 à février 2020, Fariba Adelkhah a mené une grève de la faim de 49 jours, conjointement avec l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, elle aussi incarcérée en Iran. Elle souffre toujours des séquelles de cette grève de la faim.
Roland Marchal a été libéré le 20 mars 2020.
Les chefs d’accusation contre Fariba Adelkah étaient : "propagande contre le système politique de la République islamique" et "collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale". Seul ce dernier chef d’accusation était retenu contre Roland Marchal. Suite à son “procès”, la chercheuse a été condamnée à cinq ans de prison le 16 mai 2020.
En octobre 2020, Fariba a été faite docteure Honoris Causa de l’Université de Genève.
Le 15 décembre 2020, Fariba Adelkhah reçoit le Prix Irène Joliot-Curie de la Femme scientifique de l’année, décerné par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’ensemble de ses travaux de recherche en anthropologie et science politique. (...)
Qu’ont fait Sciences Po et les autorités françaises depuis leur arrestation ? (...)