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Patrick le Hyaric
Intermittents du spectacle : une lutte d’intérêt général
Article mis en ligne le 19 juin 2014

Intermittent du spectacle n’est pas un métier. C’est un statut. Il recouvre un panel large de professions contribuant aux arts et à la culture : ouvriers, techniciens, artistes de diverses disciplines. Ils ont la particularité d’exercer des missions courtes et très souvent mal rémunérées.

C’est la spécificité des métiers de la création qui a conduit à inventer ce statut particulier. Ainsi a vu le jour un modèle original consistant à assurer la continuité d’une rémunération lorsqu’une mission ou une activité se termine. Encore que la fin de la représentation d’une pièce de théâtre, d’un spectacle de danse ou de musique, d’un film ou d’une tournée de concerts ne signifie pas toujours arrêt d’activité. En effet, la préparation de la suivante n’est pas une période de recettes ou de revenus et pourtant c’est un moment intense de travail. Il faut en effet créer, recréer, répéter des textes ou des gammes. C’est là que ce qui est baptisé « régime d’intermittent » s’active pour assurer un revenu minimum en dehors de ces périodes dites « d’activité » que l’on pourrait qualifier « d’activité visible ». Ce système nous est envié dans le monde entier. Il a généré un mécanisme de solidarité concrète entre tous les acteurs de la chaîne de création des œuvres. Au-delà, ce traitement particulier permet de faire perdurer un vivier d’artistes de multiples disciplines et d’assurer le renouvellement des générations.

C’est à ce système mutualisé que veut s’attaquer le grand patronat en tentant de dresser une partie de la société contre les intermittents. (...)

Dans notre société, se développe la précarité du travail dans une multitude de secteurs. La poursuite des mutations des systèmes de production, encore accélérée par la révolution numérique qui n’a pas fini de produire ses effets, oblige à permettre aux salariés, dans leur diversité, de consacrer du temps à la formation. Dans cette situation, le mouvement des intermittents pose la grande question de la protection de tous les salariés qui subissent l’emploi précaire ou discontinu et de ceux qui doivent dégager toujours plus de temps pour se former dans l’intérêt à la fois de leur « évolution-promotion » personnelle et de l’efficacité de leur collectif de travail ou de leur entreprise. Cette part là, le grand patronat ne veut pas la rémunérer. Autrement dit, il préfère le faux nez dit de la « flexisécurité du travail » au projet civilisationnel de sécurité sociale professionnelle ou sécurité du travail et de la formation et de revenu. La formation de chacune et chacun, tout au long de sa vie ne peut être « un coût », mais un investissement pour l’avenir et pour l’efficacité économique et sociale.