
Depuis 10 ans, l’Observatoire des inégalités scrute le paysage des inégalités sociales. Si certaines sont tenaces, d’autres disparaissent ou émergent. Fort de ces travaux, Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités, dégage dix priorités pour demain.
1. Ralentir le grand écart des richesses par la fiscalité
La France est peu inégalitaire au vu de la plupart des autres pays riches. Son système de redistribution maintient la plus grande masse des individus dans une fenêtre relativement réduite de niveaux de vie, allant de 875 à 3 125 euros par mois pour 80 % des personnes. Pour autant, les plus hauts revenus progressent beaucoup plus vite que ceux de la plupart des salariés, même si la crise a plus durement touché les ménages modestes : entre 2008 et 2011, les revenus des 10 % les plus pauvres ont baissé de 3,7 % tandis que ceux des 10 % les plus riches progressaient de 1,6 %. Au total, la moitié de la fortune du pays est concentrée par 10 % des ménages.
N’en déplaise aux hérauts du « ras-le-bol fiscal », la récente hausse de la fiscalité représente moins de la moitié des 120 milliards de baisses d’impôts qui ont eu lieu dans les années 2000. Cependant, le système fiscal est devenu moins redistributif au nom de la compétitivité et moins lisible en raison des nombreuses niches en faveur de tel ou tel groupe d’intérêt. Enfin, la fiscalité locale des ménages reste la grande oubliée des réformes fiscales. Les valeurs locatives sur lesquelles sont calculés les impôts locaux n’ont pas été mises à jour depuis 1970, ce qui conduit à considérer qu’une HLM en grande banlieue, neuve à l’époque, a plus de valeur qu’un ancien immeuble de centre-ville.
2. Un système de retraite plus juste (...)