
L’auteur indien Perumal Murugan a longtemps été critiqué par les partis conservateurs d’inde pour son roman Madhurobhagan (trad. de l’hindi à l’anglais par Aniruddhan Vasudevan aux éditions Penguin sous le titre One Part Woman, 2014). Ces derniers avaient demandé la censure de l’ouvrage. Dépité, l’auteur avait fini par renoncer à son statut d’écrivain. Touché par son histoire, le juge en charge de son affaire, l’a encouragé à continuer à écrire.
(...) Il avait publié dans la foulée sur son compte Facebook : « L’écrivain Perumal Murugan est mort. Comme il n’est pas un dieu, il ne va pas ressusciter. Il n’a pas non plus foi en la résurrection. C’est un professeur ordinaire, qui vivra en tant P. Murugan. Laisse-le tranquille. » Il sombre alors dans une profonde dépression.
Cependant, véritable coup de théâtre le mois dernier. La Haute Cour de Mandras à Chennai (Inde) rendait une décision pour la moins surprenante. Le juge Sanjay Kishan Kaul avait rejeté la demande de censure de l’ouvrage de Perumal Murugan. « Tous les écrits, désagréables pour une partie de la société, ne peuvent pas être étiquetés comme obscènes, vulgaires, dépravants et immoraux », en soulignant que « l’un des droits les plus chers en vertu de notre Constitution, est de parler et d’écrire ce que l’on pense ».
Il avait aussi conseillé à tous ceux qui avaient critiqué le manuscrit de simplement le jeter. « Que l’auteur fasse ce pour quoi il est le plus doué. Écrire » avait demandé le juge. Une « décision de justice » que l’auteur a accueillie avec soulagement. D’autant plus que cette décision du juge envoie un message fort, à un moment où la liberté d’expression est menacée par les tentatives du gouvernement de museler la dissidence, et de donner plus de voix aux groupes conservateurs. (...)