
Installations vétustes, négligences à répétition, culture du profit au détriment de la sécurité, voire rapports d’inspection "falsifiés" : plaintes et accusations pleuvent contre le fournisseur d’énergie Pacific Gas and Electric Company (PG&E), mis en cause dans des incendies meurtriers en 2017 et 2018 en Californie.
L’enquête est loin d’être achevée, mais PG&E a pris les devants et annoncé mardi sa faillite en se plaçant sous la protection du "chapitre 11", une disposition de la loi américaine qui permet à une organisation de continuer à fonctionner normalement à l’abri de ses créanciers et à restructurer sa dette.
Numéro un du secteur en Californie, l’opérateur basé à San Francisco, dont l’action en Bourse a chuté de 72% l’an dernier, est soumis à une pression croissante.
Après les nombreuses victimes du "Camp Fire", qui a détruit en novembre dernier quelque 18.000 bâtiments et fait au moins 86 morts dans la petite ville de Paradise, trois des plus grandes compagnies d’assurance américaines ont à leur tour porté plainte contre PG&E.
L’entreprise sera jugée intégralement responsable s’il est prouvé que ses infrastructures ou sa gestion sont directement responsables de la catastrophe, expliquent les spécialistes. Or, les dégâts et indemnités qui en découlent se chiffrent en milliards de dollars.
Est notamment en cause un pylône à haute tension situé au beau milieu de la zone du "Camp Fire", où PG&E lui-même a notifié un incident quelques minutes avant le début de l’incendie. Selon une piste explorée par les enquêteurs, une attache défaillante a pu laisser une ligne de 115.000 volts entrer en contact avec le pylône métallique, provoquant des étincelles qui auraient enflammé la végétation voisine, mal entretenue. (...)
– "Négligence criminelle" -
"Il est clair que le +Camp Fire+ résulte du mépris délibéré affiché par PG&E pour la sécurité publique", accuse le comté de Butte, dévasté par l’incendie, qui a porté plainte notamment pour "défaut d’entretien de la végétation à proximité des lignes électriques".
Une accusation reprise à son compte par John Fiske, avocat représentant plus d’un millier de victimes des incendies. Il juge "presque ridicule" qu’une firme de l’ampleur de PG&E ne prenne pas le problème au sérieux. "On ne leur demande pas de contrôler Mère Nature, juste leurs propres équipements", s’indigne-t-il.
Le fournisseur d’énergie a déjà été condamné à plusieurs reprises pour ses manquements. (...)
Les infrastructures de gaz sont aussi concernées : le 9 septembre 2010, l’explosion d’une conduite de gaz de PG&E à San Bruno a fait huit morts et 58 blessés. L’enquête a là encore démontré de graves manquements de l’entreprise, condamnée à 1,6 milliard de dollars d’amende.
Reconnu coupable de six "crimes" liés à cette explosion, PG&E doit se plier depuis 2017 à un suivi judiciaire, comme n’importe quel repris de justice. (...)