
Sur Europe 1, le directeur de la rédaction du JDD, Hervé Gattegno revient sur le débat sur l’immigration relancé par Emmanuel Macron. Le président, analyse-t-il, va devoir prouver qu’il fait la "différence entre le pragmatisme et le populisme" à ce sujet, notamment sur l’aide médicale d’Etat.
Le débat sur l’immigration fait son retour – Le Journal du Dimanche y consacre d’ailleurs sa une avec une interview de Valérie Pécresse. Il est beaucoup question d’une réforme de l’aide médicale d’Etat (AME), qui permet aux étrangers sans papiers d’être soignés en France. D’après vous, est-ce que c’est une bonne idée de toucher à cette allocation ?
Non. C’est une idée démagogique, parce qu’elle laisse croire que les immigrés clandestins ont des droits exorbitants en matière de santé ; alors que c’est une aide qui est vraiment conçue pour les plus démunis, qui sont malades et qui sont trop pauvres pour se soigner. Et puis c’est une idée inhumaine parce que si on leur retire (ou qu’on leur réduit) l’AME, ça veut dire qu’on les laisse souffrir, ou mourir même, et qu’on s’en lave les mains – demandez leur avis aux médecins, ils ne seront jamais d’accord. Et puis c’est même une idée absurde parce qu’en France, si on soigne tous les malades, ce n’est pas seulement pour qu’ils aillent mieux ; c’est aussi pour que les maladies ne se propagent pas. Donc ce serait bien que les clichés xénophobes ne se propagent pas non plus. (...)
Et il est faux de dire, comme on l’entend souvent, que les immigrés se font rembourser des soins que les Français sont obligés de payer. C’est l’inverse : l’AME ne prend pas en charge (ou moins bien) certains médicaments, les frais dentaires ou les lunettes, qui ne sont pas des traitements de faveur. Et même si c’était vrai, plutôt que de vouloir réduire les prestations des étrangers, il vaudrait mieux chercher à améliorer les soins de tout le monde. Quitte à harmoniser, quand il s’agit de la santé, il faut harmoniser par le haut, et non pas aligner par le bas. (...)
ce qui fait la différence entre le pragmatisme et le populisme, ce sont les solutions. Donc on verra bien ce qu’Emmanuel Macron propose. (...)