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Ils s’associent pour produire l’énergie renouvelable - et ça marche !
Article mis en ligne le 10 février 2017

Depuis une dizaine d’années, les collectifs d’« énergie citoyenne » se multiplient pour créer des sociétés de production d’énergie renouvelable. Le but : échapper aux intérêts privés et à la spéculation. Des dizaines de projets ont déjà été réalisés. On pourrait généraliser la démarche en levant les freins législatifs et en donnant plus de pouvoir aux régions.

(...) énergie renouvelable, et citoyenne. Dans la salle, des membres de Colibris, de Cigales (des clubs d’investisseurs), quelques élus (de gauche), pas mal de sociétaires d’Enercoop, et quelques professionnels du domaine. Ils se réunissent pour fonder une nouvelle association, qui se veut une pépinière : « Notre objectif est de faire pousser sur notre territoire des sociétés de production d’énergie renouvelable et citoyenne », déclare Guy Martin, l’un des initiateurs du projet. Concrètement : imaginer, organiser et financer l’installation d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques, d’unités de méthanisation, etc., sans attendre que de grands groupes industriels s’en chargent à leur place.

Leur nom ? « À nous l’énergie ». Slogan parfait pour une asso qui se veut « outil de réappropriation collective de productions locales d’énergie ». (...)

Énergie partagée, c’est un peu le Terre de liens de l’énergie. D’un côté, une association (Énergie partagée), et de l’autre une « société en commandite par action » (SCA Énergie partagée investissement). L’association et ses relais sur le territoire accompagnent les porteurs de projet et les aident à trouver des partenaires. Puis, elle sélectionne ceux qui en ont le plus besoin afin de leur apporter un financement, via la SCA.

Au centre des débats, la question de la gestion des ressources communes et de l’argent qui en est tiré (...)

« Les gens qui investissent veulent participer à la transition énergétique. Ils ont de l’argent de côté, ils le placent ici comme sur un livret A, mais en plus utile. » Cela a déjà permis le financement de 31 projets, pour la plupart photovoltaïques, mais aussi éoliens, biomasse et hydraulique. (...)

Énergie partagée est devenu un acteur central dans le réseau des énergies renouvelables citoyennes. 300 à 400 projets ont été accompagnés, développés, formés par l’association (...)

Tous ces projets doivent respecter une charte, qui définit notamment les critères pour être qualifié de « citoyen » : ancrage local, finalité non spéculative, gouvernance ouverte, et exigence écologique.

Mais d’où vient cette volonté — louable a priori — d’impliquer les « citoyens » ? « Sur le terrain, si c’est EDF ou des gros industriels qui s’installent, ça génère des tensions locales, un sentiment d’envahissement. Tout cela n’arrive pas si l’on sollicite les gens, qu’on prend le temps de comprendre comment ils voient leur territoire face à la transition », explique Marc Mossalgue.

Les projets citoyens comme remèdes aux conflits autour des énergies renouvelables ? Frédéric Mariller, directeur d’Enercoop Rhône-Alpes, acquiesce (...)

Moyen d’accélérer la transition, l’énergie citoyenne traduit également une vision politique. « Le modèle français est très centralisé et étatique. Les gens ont perdu toute relation physique à la notion d’énergie : ils appuient sur un bouton, mais on ne veut surtout pas qu’ils se demandent ce qu’il y a derrière », selon Frédéric Mariller. Enercoop, qui a participé à la création d’Énergie partagée, parle aussi d’« énergie militante ». « Aujourd’hui, il n’y a plus de politique énergétique démocratique en France. C’est une politique des grands corps, administrative, où même les élus ont peu de poids », explique-t-il.

Question démocratique donc. Et aussi pratique (...)

Pour les acteurs citoyens de l’énergie, c’est cette culture française de l’énergie, centralisée et élitiste, qui doit évoluer si l’on veut tendre vers l’exemple allemand. « Avant la guerre, ce n’était pas comme ça : les territoires géraient leur production. C’était peut-être un peu plus le bazar, mais il y avait des compétences locales, une expertise », rappelle Marc Mossalgue. Énergie partagée a donc aussi un rôle d’éducation populaire. En 2015, elle a ainsi mis en ligne une BD expliquant l’énergie et son histoire, Ma propre énergie. (...)