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Il y a un an, un gendarme tuait le paysan Jérôme Laronze
Article mis en ligne le 19 mai 2018

Il y a un an, Jérôme Laronze, éleveur en Saône-et-Loire, était abattu de trois balles par un gendarme. La thèse de la légitime défense ne convainc pas du tout la famille, qui craint que l’instruction cherche à masquer les responsabilités des forces de l’ordre et de l’administration.

Des « chroniques et états d’âme ruraux » dénonçant d’une plume acérée ce qu’est devenue l’agriculture, les rires déclenchés par une prestation théâtrale sur le même thème, les arômes d’une blanquette mémorablement délicieuse… Autant de souvenirs autour desquels la famille, les proches de Jérôme Laronze et les soutiens seront assemblés, dimanche 20 mai, dans sa ferme de Sailly, en Saône-et-Loire.

Cela fera alors un an que l’agriculteur est mort. Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze a été tué de trois balles tirées par un gendarme. Ce dernier affirme avoir été en état de légitime défense : le paysan au volant de sa voiture aurait foncé sur lui et sa collègue. La balistique propose un autre scénario : aucune des balles n’a été tirée de face. Sur les trois mortelles, une a touché la jambe de Jérôme Laronze, deux ont pénétré par-derrière et ont traversé ses poumons.

Le gendarme auteur des coups de feu a été mis en examen pour « violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Deux juges d’instruction ont été nommées pour mener l’enquête. (...)
les magistrates avaient accepté que se déroule une reconstitution, qui a eu lieu le 10 novembre 2017. Mais depuis, plus de nouvelles. « Désormais, je n’ai plus confiance en l’institution. Je doute qu’il y ait une volonté de dégager une vérité judiciaire », lâche celle qui est elle-même avocate.

Des courriers « qui n’ont jamais eu de réponse »(...)

L’absence de réponse des juges d’instruction a mené la demande devant la cour d’appel de Dijon, dont la décision sera connue le 30 mai.(...)

L’avocat a également demandé, en décembre, une extension du cadre de l’enquête à « non-assistance à personne en danger ». « Il s’est passé 25 minutes entre les tirs et l’arrivée des pompiers, et rien n’a été tenté pour sauver Jérôme », affirme sa grande sœur. Là encore, les magistrats n’ont pour l’instant pas réagi.(...)

Autre acteur, le syndicat auquel adhérait Jérôme, la Confédération paysanne. Elle a fait une demande de partie civile, rejetée pour l’instant. (...)

« On voudrait enterrer l’affaire, on ne s’y prendrait pas autrement », appuie de son côté Me Chauviré. « C’est comme si, du point de vue des juges, on voulait savoir si le gendarme a ouvert le feu dans des conditions légales, point », déplore-t-il.

Pour la famille, l’enquête ne peut se réduire aux quelques heures qui ont précédé la mort du petit frère. Il y a d’abord les neuf jours précédents : pourquoi les gendarmes ont-ils mis tant d’ardeur à traquer un homme auquel on ne reprochait, apparemment, que des délits mineurs ?

« Il faut faire comparaître, ne serait-ce que comme témoin, les services vétérinaires »
Il faut aussi éclaircir les événements du 11 mai 2017, sur sa ferme de Trivy, qui ont déclenché sa fuite. (...)