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Il faut mettre fin aux politiques migratoires inhumaines du Nord
/Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes (CADTM) - PAS EN NOTRE NOM. CE N’EST PAS UNE TRAGÉDIE, C’EST UN MASSACRE. NI CLÔTURES NI FRONTIÈRES, LES POLITIQUES MIGRATOIRES TUENT BLACK LIVES MATTER
Article mis en ligne le 30 juin 2022

Le massacre du 24 juin 2022 à la frontière entre Nador (Maroc) et Melilla est la démonstration de la violence du système de dépendances néocoloniales imposées par les puissances européennes, avec la connivence du régime marocain et la complicité et la responsabilité de l’État espagnol. La frontière sud est un symbole douloureux du racisme institutionnel, un lieu où les droits humains sont violés en toute impunité.

La même barbarie se répète ailleurs dans le monde comme aux États-Unis où ce lundi 27 juin une cinquantaine de migrant·es ont trouvé une mort horrible dans un camion près de San Antonio au Texas.

Il est essentiel de rappeler et de souligner que les personnes migrantes du Sud proviennent pour la plupart de pays affaiblis par des siècles de néocolonialisme. Leurs économies sont actuellement asphyxiées par l’endettement auprès d’institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Ces dettes sont, dans de nombreux cas, odieuses, illégales et illégitimes, contractées contre les intérêts des populations. Il s’agit de pays dont les ressources naturelles ont été pillées et saccagées par les multinationales qui approfondissent le modèle extractiviste. Des pays dont les populations subissent l’imposition de politiques néolibérales et d’austérité qui priorisent le remboursement du fardeau de la dette au détriment des dépenses publiques dans les politiques sociales. Tout cela se traduit par une situation de pauvreté chronique, de fortes inégalités, de guerres et, par conséquent, des migrations vers le Nord à la recherche d’une vie meilleure.

Au lieu de prendre ses responsabilités, la réponse du Nord est une gestion criminelle des frontières, à travers des politiques migratoires mortifères et un non accueil des personnes qui migrent. Preuve en est, le fait que le budget de l’agence européenne Frontex (« European Border and Coast Guard Agency ») ne fait qu’augmenter (le budget prévu est de 5,6 milliards d’euros d’ici 2027), au même rythme que ses investissements dans des opérations de surveillance et de fortification des frontières. La gestion de l’immigration devient également une monnaie d’échange pour les pays voisins où le contrôle des frontières et la maltraitance des migrants ont été externalisés. C’est le cas du Maroc, principale porte d’entrée des Africains en Europe, qui fait pression pour obtenir une série de faveurs (comme, par exemple, un changement de la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental) en échange d’une gestion restrictive du passage de ses frontières par des pratiques meurtrières, comme ce fut le cas le vendredi 24 juin.

Face à cette grave crise humanitaire et politique à la frontière sud, qui prend des vies de manière injuste et inhumaine, le CADTM INTERNATIONAL estime qu’il y a plusieurs urgences :

(...)

Il faut faciliter les cadres juridiques et administratifs nécessaires pour assurer la circulation des personnes dans des conditions sûres, afin que nous puissions faire de la migration un choix, pas une nécessité mortelle. Ni les politiques d’immigration ni l’aide au développement ne pourront compenser les populations africaines pour des siècles de pillage de leurs ressources naturelles et humaines, un pillage qui se solde par une immense dette écologique, et qui les a plongés dans le sous-développement et la violence, qui a leur tour entraînent déplacement forcé et demande d’asile. La richesse naturelle et humaine que le continent possède aujourd’hui est en mesure de garantir aux peuples d’Afrique un véritable développement, et une vie sûre qui ne les forcera pas à se déplacer, si ces peuples peuvent exercer leur souveraineté sur les richesses de leur pays. (...)