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IRAN : DIX MORTS DANS DES TROUBLES, NOUVELLE MANIFESTATION À TÉHÉRAN
Article mis en ligne le 2 janvier 2018
dernière modification le 1er janvier 2018

Une nouvelle manifestation s’est déroulée lundi soir à Téhéran, où dix personnes ont été tuées la nuit précédente lors des pires violences depuis le début des protestations contre la vie chère et le pouvoir en Iran, un mouvement sans équivalent depuis 2009.

Le président Hassan Rohani, qui avait appelé au calme dimanche, a averti lundi que "le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles", qui ne sont qu’une "petite minorité" selon lui.

Revenant à la charge contre le régime iranien, ennemi juré des Etats-Unis, le président américain Donald Trump a lui affirmé que "le temps du changement" était venu en Iran.

Au cinquième jour du mouvement de protestation contre le gouvernement et les difficultés économiques -chômage et corruption, des petits groupes de manifestants, dont certains scandaient des slogans antirégime, se sont rassemblés lundi soir dans un quartier du centre de Téhéran sous forte présence policière, selon des vidéos de médias locaux en ligne et de réseaux sociaux. (...)

La nuit précédente à Téhéran et dans plusieurs autres villes d’Iran, des manifestants avaient attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux, des banques, des voitures de police ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime).

Au total, 12 personnes, dont dix manifestants, ont péri dans les violences qui ont émaillé les protestations, parties jeudi de Machhad, la deuxième ville du pays, pour se propager rapidement à travers le territoire. (...)

Des centaines de personnes ont par ailleurs été arrêtées depuis le début des troubles, dont certaines ont ensuite été libérées. Quatre personnes ont été arrêtées pour avoir "insulté le drapeau sacré de la République islamique d’Iran" en le brûlant.

 ’Petite minorité’ -

Les manifestations se poursuivent en dépit du blocage par les autorités sur les téléphones portables des messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester.

Elles sont les premières de cette ampleur depuis le mouvement de contestation en 2009 contre la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Trente-six personnes avaient été tuées dans la répression de ce mouvement, selon un bilan officiel (72 selon l’opposition).

Hassan Rohani a prévenu lundi que "le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles", une "petite minorité qui insulte les valeurs révolutionnaires". (...)

"M. Rohani dit qu’il faut protester d’une façon correcte, mais qu’est ce que ça veut dire ?", se demandaient lundi Arya Rahmani, un infirmier de 27 ans interrogé par l’AFP à Téhéran. "Si je me contente de lui dire +M. Rohani, je suis éduqué mais je suis au chômage+, il s’en fichera complètement".

"Je ne suis pas du tout pour les manifestations dans lesquelles les biens publics sont vandalisés", a déclaré pour sa part Shiva Daneshvar, femme au foyer de 55 ans. "Nous devrons payer (les réparations) plus tard."

M. Rohani, élu pour un second mandant en mai 2017, a permis à l’Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales liées aux activités nucléaires sensibles du pays. Cette conséquence de la signature en 2015 d’un accord historique avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien avait fait espérer aux Iraniens une amélioration de la mauvaise situation économique. (...)

Face aux protestations antigouvernementales, des manifestations de soutien au pouvoir et contre les "fauteurs de troubles" ont été organisées lundi dans plusieurs villes du pays, dont Rasht, Zanjan, Ahvaz et Takestan.

"Ce qui fait descendre les Iraniens dans la rue le plus souvent, ce sont des problèmes économiques ordinaires —la frustration face au manque d’emplois, l’incertitude par rapport à l’avenir de leurs enfants", explique à l’AFP Esfandyar Batmanghelidj, fondateur du Europe-Iran Business Forum.

Selon cet expert, les troubles ont été provoqués par les mesures d’austérité de M. Rohani, comme les réductions des budgets sociaux ou les augmentations des prix des carburants. (...)