
Alors que l’hôpital, l’école, les transports sont à bout, Lucie Castets, co-porte-parole du collectif « Nos services publics », alerte sur l’état alarmant du secteur public et esquisse des solutions concrètes pour sortir de l’impasse. Entretien.
Basta ! : La Poste a acté début janvier la fin du timbre rouge. Est-ce pour vous un nouveau révélateur de la dégradation de ce service public ?
Lucie Castets [1] : On constate que la logique de rentabilité prend parfois le pas sur des logiques de service public. On entend très bien que le maintien d’un timbre rouge, qui comporte des contraintes en matière de délai de délivrance du courrier, ça coûte cher. Mais cela ne doit pas être la seule considération à prendre en compte lorsqu’on décide du maintien ou non d’une politique. Sinon, par exemple, et c’est ce qui arrive, on supprime des lignes de train et on ferme des lits dans les hôpitaux.
Quels sont les autres secteurs du service public qui se dégradent particulièrement selon vous ?
Un des domaines où c’est le plus flagrant, c’est la santé. N’importe quelle personne qui se rend aux urgences peut voir à quel point la situation est délétère. Le personnel de santé fait face à des conditions de travail inacceptables. C’est le cas dans de nombreux secteurs du service public. (...)
Il y a énormément de places vacantes dans tous les domaines du service public, avec de moins en moins de personnes qui se présentent aux concours de la fonction publique. (...)
Ça s’explique assez facilement par d’une part des rémunérations qui ne sont pas attractives et d’autre part des conditions de travail dont on sait qu’elles sont extrêmement difficiles. C’est un cercle vicieux (...)
Cela s’est progressivement étiolé et on arrive en effet à un point de rupture. Par exemple, à l’école, on voit la qualité de l’enseignement se dégrader, il y a de moins en moins de mixité sociale. Les gens favorisés mettent de plus en plus leurs enfants dans des écoles privées.
Les indicateurs sont malheureusement encore plus manifestes à l’hôpital public.Cela s’est progressivement étiolé et on arrive en effet à un point de rupture. Par exemple, à l’école, on voit la qualité de l’enseignement se dégrader, il y a de moins en moins de mixité sociale. Les gens favorisés mettent de plus en plus leurs enfants dans des écoles privées.
Les indicateurs sont malheureusement encore plus manifestes à l’hôpital public. (...)
Le collectif « Nos services publics », dont vous êtes l’une des cofondatrices, a été lancé en 2021. Pourquoi avoir décidé de constituer ce groupe ?
L’idée est née du constat que tous les services publics se détériorent, mais aussi du constat paradoxal que le rôle de l’État et des collectivités territoriales n’a jamais été aussi décisif alors que la défiance envers les institutions publiques est très forte. (...)
Sans la puissance publique, sans des agents publics bien formés, bien traités et motivés, on ne saura pas organiser l’adaptation et la lutte contre le réchauffement. (...)