
Quatre hommes ont été reconnus coupables de "crimes racistes" mardi par un tribunal de Budapest et trois d’entre eux ont été condamnés à la prison à vie, pour une série de six meurtres de Roms, dont un enfant de cinq ans, en 2008 et 2009.
Certaines attaques ont été particulièrement cruelles : un enfant de cinq ans et son père avaient été abattus au moment où ils tentaient de s’échapper de leur maison en feu. Dans une autre attaque, une femme avait été abattue pendant son sommeil.
Ces lourdes condamnations ont été prononcées sur fond de commémoration de l’Holocauste dont a été victime cette minorité toujours très stigmatisée en Hongrie et qui y représente entre 5 et 8% des 10 millions d’habitants. Le 2 août 1944, les nazis avaient massacré près de 3.000 Roms dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, situé en Pologne.
Les quatre skinheads sont restés impassibles à la lecture des décisions des juges, tandis que des centaines de personnes s’étaient rassemblées au tribunal, sous haute surveillance policière, pour attendre l’issue de ce procès, qui est intervenue, à quelques jours près, quatre ans après la dernière de ces attaques (le 2 août 2009).
« Leur couleur de peau était leur faute »
Parmi les personnes venues apporter leur soutien aux familles de victimes, certaines portaient des t-shirts à l’effigie des victimes ou avec la phrase « Leur couleur de peau était leur faute ». (...)
La minorité rom de Hongrie, marginalisée et marquée par la pauvreté et le chômage, fait souvent l’objet de violences verbales et physiques, visée par des milices d’extrême droite et dépeinte régulièrement comme criminelle par le parti d’extrême droite Jobbik.
En janvier, le journaliste influent Zsolt Bayer, proche du Premier ministre conservateur Viktor Orban, avait associé les Roms à des « animaux » qui « ne devraient pas être tolérés » et « ne devraient pas exister ». Son journal avait ensuite été condamné à une amende par le régulateur des médias.
« Le verdict d’aujourd’hui est une étape positive, mais la Hongrie doit encore tirer les leçons de ces meurtres. Les autorités n’en font toujours pas assez pour empêcher et réagir face aux violences contre les Roms », a dénoncé Amnesty international dans un communiqué.