
La situation de Hong Kong par rapport à la Chine reste des plus particulières : l’ancienne colonie britannique dispose d’un statut spécial qui lui autorise une relative autonomie et des conditions de vie exceptionnelles. La liberté d’expression, notamment, n’est pas la même d’un côté ou de l’autre de la frontière. Alors quand le géant chinois s’immisce dans les affaires de Hong Kong pour enlever plusieurs ressortissants et censurer leurs activités, la population répond en masse...
Lam Wing-kee, libraire qui accuse le gouvernement chinois de l’avoir enlevé pour le dissuader de faire son métier, avait prévenu : « Cela peut vous arriver aussi, mais je veux faire savoir au monde que les habitants de Hong Kong ne céderont pas devant la force brute. » Lors de la conférence de presse qu’il avait donnée quelques jours après son retour à Hong Kong, Lam Wing-kee avait décidé de tout raconter.
« J’ai passé 5 mois dans une pièce d’environ 18 m2, de moins de 20 m2 », a détaillé Lam Wing-kee. « Sur 24 heures, 6 groupes d’individus se relayaient pour m’observer. J’ai perdu ma liberté. » Dans ces conditions, le libraire de 61 ans a pensé à plusieurs reprises à mettre fin à ses jours. Ce qui l’avait fait tenir, expliquait-il aux journalistes présents à sa conférence, était l’idée que les habitants de Hong Kong ne pourraient pas plus que lui supporter ce traitement.
Ces derniers l’ont visiblement entendu : ce samedi, une marche a réuni 4000 personnes dans les rues Hong Kong, derrière Lam Wing-kee, pour faire comprendre aux autorités chinoises que le territoire spécial n’était pas une zone de non-droit. Le parcours était établi entre Causeway Bay Books, la librairie de Lam Wing-kee, et le poste de liaison avec Pékin, capitale de la République populaire de Chine. (...)
u total, cinq libraires avaient disparu en octobre 2015 : depuis, 4 ont pu revenir à Hong Kong, mais seul Lam Wing-kee s’est exprimé sur la détention dont il affirme avoir été la victime. « Lee Bo est rentré à Hong Kong, mais il a perdu sa liberté devant la peur », a souligné Wing-kee pour expliquer le silence de Lee Bo, qui a refusé de s’exprimer suite aux révélations de son confrère.
Un cinquième homme, Gui Minhai, détenteur d’un passeport suédois, serait toujours en détention, soupçonné d’avoir dirigé un réseau clandestin d’export de livres.