
Connu sous le nom d’Henri Alleg, qu’il avait pris lors de son passage dans la clandestinité pendant la guerre d’Algérie, Harry Salem est mort le 17 juillet à Paris trois jours avant son quatre-vingt-douzième anniversaire.
Journaliste depuis 1950, Alleg connaît son Algérie où depuis longtemps, selon les mœurs coloniales, on torture dans les commissariats et les gendarmeries jusqu’à de petits délinquants qui ne veulent pas "avouer". A l’automne 1955, un an après le déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 1954, il plonge dans la clandestinité quand le quotidien Alger républicain, dont il est le directeur, est interdit et le Parti communiste algérien (PCA), dont il est membre, dissous.
Le 12 juin 1957, les parachutistes l’attendent au domicile de Maurice Audin. Celui-ci, jeune assistant en mathématiques, lui aussi militant du PCA, a été arrêté. Il mourra le 21 juin, sous la torture. Le scandale de sa "disparition" aura vraisemblablement sauvé du pire son camarade.
Rien, hormis un mental d’acier qui apparaîtra au fil des épreuves, ne prédisposait Henri Alleg à devenir un héros, un mot qui n’était pas dans son vocabulaire. (...)