
Au lendemain de la visite écourtée à cause de la présence trois mères voilées aux ateliers proposés au sein de l’école, le quartier est dans l’incompréhension.
« Ce matin, on ne parlait que de ça », confie une mère d’élève venue déposer son enfant à la maternelle Charles-de-Gaulle de Clamart, ce vendredi midi. La veille, la rectrice, la directrice académique et le maire, qui venaient assister à des ateliers dans le cadre de la Journée de lutte contre le harcèlement, ont tourné les talons parce que trois mères voilées se trouvaient dans l’école.
Après le départ de la délégation, ces ateliers de coéducation ont été arrêtés et les six parents qui y participaient sont rentrés chez eux plus tôt que prévu. « Ce n’est pas normal. C’est choquant. Les enfants n’ont pas su ce qu’il se passait mais ils ont bien compris que quelque chose n’allait pas », soutient cette mère d’élève. (...)
« Sorties scolaires pour aller à la médiathèque, au cinéma ou à des visites à Paris, j’ai participé plein de fois, reprend-elle. La directrice sait qu’elle peut compter sur moi. La maîtresse nous a parlé des activités prévues deux jours avant. L’après-midi je travaille, mais ce jeudi matin, j’étais disponible. Alors je n’ai pas hésité. »
Comme Siam, elle aussi avait tenu à appliquer la consigne et s’était habillée en bleu, couleur de lutte contre le harcèlement. Au programme, des ateliers pour que ces élèves de maternelle apprennent l’entraide et du respect de l’autre.
Le rôle de Faïza avait-il un lien avec l’enseignement ? « Pas du tout. Nous étions simplement là pour aider, si un petit ne savait plus ce qu’il devait faire pendant l’activité ou pour accompagner un élève aux toilettes. »
Les parents solidaires de l’équipe de l’école (...)
À la sortie de l’école, ce vendredi midi, uniquement des femmes. Beaucoup sont voilées. Toutes sont solidaires de l’équipe de l’école. « Avec l’école, tout s’est toujours très bien passé. Tout le monde est très impliqué pour les enfants. La directrice est dans le quartier depuis très longtemps. Avant que la nouvelle école soit construite, elle était déjà enseignante dans l’école du quartier, la Bourcillière », ajoute cette autre mère d’élève.
« Réagir comme ça un jour de lutte contre le harcèlement, ça montre qu’ils n’ont rien compris. En plus, ils représentent l’autorité. Ils devraient être les premiers à montrer la bonne attitude au lieu de prendre la fuite parce qu’ils ont vu un tissu qui couvre des cheveux », déplore une autre mère.
Le rectorat maintient sa position
« La règle est claire, nous sommes sur le temps scolaire, à l’intérieur de l’école, les signes religieux ne sont pas admis », justifiait la veille Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles.
Ce vendredi, le rectorat d’académie précise que la rectrice s’est fondée sur le récent vade-mecum de la laïcité à l’école, qui stipule que « l’obligation de neutralité s’impose aux parents volontaires pour participer à des activités d’enseignement pour lesquelles ils exercent des fonctions similaires à celles des enseignants ».
Pour l’équipe de l’école, comme ces mères n’enseignaient pas, il n’y avait aucune raison de réagir ainsi. S’ils refusent de s’exprimer ouvertement, les membres de l’équipe enseignante se disent encore bouleversés des événements de la veille.
Abdelkrim Mesbahi, président de la FCPE des Hauts-de-Seine, s’inquiète lui des répercussions. « Avec une telle lecture, on pourrait vouloir exclure des mères d’élèves voilées élues dans les conseils d’écoles ou les conseils d’administration des collèges et les lycées, pointe-t-il. Pourtant il y en a depuis des années et ça ne pose de problèmes à personne. »