Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Slate.fr
Hamon doit renoncer
Claude Askolovitch Journaliste
Article mis en ligne le 30 mars 2017

S’il renonçait Hamon épargnerait au socialisme la honte d’une défaite ; il pourrait plus vite se consacrer à la reconstruction du mot et du parti, travailler pour demain, tandis que Mélenchon jouirait de la lumière.

Il reste une solution à Benoit Hamon, pour être un héros de la gauche ; il suffirait qu’il constate de lui-même la vanité de sa candidature, et s’en aille, triomphant de sacrifice, embrasser Jean-Luc Mélenchon en son prochain meeting, lui apportant sa foi et le socialisme dans ce qu’il garde de dignité. Se désister donc, en faire une dynamique, aider Mélenchon à aller au bout de leur aventure, aussi loin que possible, et relever un mot sali par le pouvoir et ceux qui l’ont exercé.

Il n’en prend pas le chemin. Hier, Hamon communiait à Lille dans sa dignité blessée, se consolant de l’indifférence populaire en faisant fustiger les traitres. Hamon ne parlait pas de la gauche, malgré les apparences, mais parlait de lui, ou de la boutique, le parti socialiste, et se faisait du bien. Être Saint-Sébastien criblé de flèches peut sembler douloureux ? C’est une réassurance narcissique. La transhumance vallsienne confirme ce que Hamon pensait depuis si longtemps, et son amie Martine Aubry, hôtesse d’un soir, avec lui : que Valls et consors ne méritaient pas d’être du Parti socialiste. Ils le savaient. Ils l’avaient dit. Ils avaient raison. Raison d’avoir voulu l’exclure, c’était en 2009, raison de l’avoir contesté, inlassablement, dans son exercice du pouvoir. Valls leur offrait la confirmation de leur inimitié, et une clarification. Enfin, le PS s’épurait des agents de la trahison. Enfin entre nous, les vrais, les purs. Enfin seuls ?
Le temps des illusions

Mais cette solitude n’intéresse personne qu’eux-même. Benoit Hamon s’illusionne s’il pense qu’elle changera son destin. Hier encore, il a proposé aux gauches, à Mélenchon, au PC, de se ranger derrière lui, puisque Valls avait trahi, puisque la droite socialiste fuyait ; il n’y avait plus de raison, plus de prétexte, pour ne pas le soutenir ! Mélenchon l’a envoyé paître. Il a raison, le bougre ! Car enfin, s’il doit y avoir retrait d’un candidat en trop, pour la vraie gauche fasse bonne figure, pourquoi lui ? Pourquoi Hamon resterait-il en lice au nom des refus communs ? Parce qu’il est socialiste ? Parce que sa candidature, dit Hamon, est « centrale », et donc capable, pour peu qu’on l’épaulât, d’aller au bout du chemin ? Allons donc. (...)