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Habitants et migrants se mobilisent ensemble Lettre des migrants à la préfète du Cher : « Nos vies sont entre vos mains »
Article mis en ligne le 4 décembre 2017

« Nos vies sont entre vos mains. » L’appel au secours ne peut pas être plus clair. Pourtant, il ne semble pas avoir été entendu… Lundi 27 novembre, à 14 heures, une délégation de migrants vivant au Prahda (*) du Subdray et de membres du Codac (**) ont été reçus, à leur demande, par la préfète du Cher, Catherine Ferrier. Leur objectif : sensibiliser la représentante de l’État au non-respect de leurs droits. Droit à obtenir de la considération, comme on pourrait l’exiger d’un pays qui s’est auto-proclamé des Droits de l’Homme. Droit à bénéficier d’un accompagnement juridique, comme l’exige la loi. Droit à ne pas être expulsés là où les attendent privations, tortures, exploitations en tous genres, mort… comme l’exige simplement le bon sens.

Quelques jours auparavant, les migrants à l’initiative de cette démarche, accompagnés par le Codac, avaient invité les habitants de Bourges à les soutenir, via Internet. Ils leur proposaient de les rejoindre lundi matin, sur le parking du Prahda, et de parcourir avec eux, à pied, les huit kilomètres qui les séparent du centre-ville. Au total, une soixantaine de personnes ont participé à cette marche avant de prendre place devant les grilles de la préfecture, déroulant des banderoles et scandant des slogans tels que « No Dublin » (***).

Le problème principal : la procédure Dublin

Car le problème principal, pour ces demandeurs d’asile, c’est la procédure dite « Dublin », du nom d’un règlement européen. Il stipule qu’un seul pays de l’Union européenne peut être responsable de la demande d’asile d’un migrant. Problème : les migrants qui débarquent ne connaissent pas les procédures. Lorsqu’en Italie, on leur intime de donner leurs empreintes, ils croient à une précaution de sécurité. De nombreux récits attestent d’ailleurs que la police italienne leur ment à ce sujet. Les conséquences sont dramatiques (...)

l’Italie, débordée, ne s’occupe pas de tous les migrants qui finissent par dormir dans la rue, n’ont pas de quoi manger ou se vêtir, et tombent parfois aux mains de réseaux mafieux. Alors, ils reviennent en France… Souvent à pied, souvent en passant par la montagne, dans un froid épouvantable auquel ils n’ont jamais été préparés… Un cauchemar. Une torture. Pour rien.

Pas de réponse satisfaisante de la préfète

Lundi 27 novembre, comme une annonce, un vent froid, mordant, s’est abattu sur le groupe de manifestants. Durant une heure, ils ont attendu que la préfète reçoivent la délégation. Dans la sono apportée par les membres du Codac, les slogans n’ont pas faibli. Les migrants ont pris la parole à tour de rôle, en français, anglais, arabe, pour exprimer leurs craintes, leurs exaspérations, leurs espoirs aussi… Ils ont également échangé avec les habitants présents, profitant de ce rare contact pour simplement discuter ou pour tenter de faire le point sur leur situation personnelle. Enfin, ils ont pu être interviewés par des journalistes de France Bleu Berry et France 3.

Après une heure d’entretien, la délégation est ressortie déçue. Un membre du Codac résume : « La préfète nous a écouté. Mais elle se contente de répéter qu’elle ne fait qu’appliquer la loi et qu’elle n’a pas le pouvoir de repasser les « Dublinés » en procédure normale. » Il semble pourtant que d’autres préfectures adoptent des comportements différents, comme à Nantes, par exemple. (...)

Le Codac (Collectif On Dort Au Chaud) est né à Bourges il y a un an, avec l’arrivée de migrants expulsés de la jungle de Calais. Constitué d’abord, en majorité, d’habitants de Bourges, il élargit progressivement son cercle et ses actions. Aujourd’hui, il ne veille plus seulement à ce que les migrants ne dorment pas dans la rue, mais il organise une lutte pérenne, avec la participation des migrants eux-mêmes. (...)