
La psychologue Kalina Yordanova travaille avec des réfugiés en Bulgarie depuis 2009. Désormais, elle met son expertise au service des Ukrainiens. Chaque personne déplacée a une histoire et des expériences différentes, mais toutes doivent maintenant accepter la perte d’une partie de leur ancienne vie pour se reconstruire.
"La condition de réfugié, peu importe d’où l’on vient, touche à des pertes et à la gestion de ces pertes. Il y a le fait d’être déplacé, la perte de proches, de sécurité, d’un environnement familier. Et puis il y a le fait de voir s’anéantir vos rêves et avec eux la personne qui vous aviez imaginé devenir plus tard", explique Kalina Yordanova.
La psychologue a travaillé avec des groupes de réfugiés et des communautés affectées par les guerres en ex-Yougoslavie, en Syrie ou encore en Afghanistan. Elle a notamment collaboré avec Médecins sans frontières (MSF) en Grèce pour aider les réfugiés syriens. Désormais, elle s’implique dans le soutien des Ukrainiens arrivés en Bulgarie et qui se sont manifestés sur Koja, un site dédié à la santé mentale. (...)
"[Dans cette guerre] la plupart des réfugiés sont des femmes avec de jeunes enfants. Beaucoup d’entre elles veulent simplement s’assurer que leurs enfants aient un endroit sûr pour grandir. D’autres espèrent poursuivre activement leur carrière professionnelle. Quand vous êtes dans cette situation, à être assise chez vous pendant des bombardements, vous ne pensez qu’à vos enfants, et à la possibilité qu’ils soient tués. Vous ne pensez à rien d’autre ", raconte Lena. (...)
Lena dirigeait une agence de communication à Kiev avant d’arriver à Sofia, en Bulgarie, il y a deux mois. Elle dit connaître de nombreuses femmes cheffes d’entreprise ukrainiennes qui n’attendent qu’une chose : rentrer chez elles. (...)
Accepter la perte d’une partie de leur ancienne vie
Chaque personne déplacée a une histoire et des expériences différentes, mais toutes doivent maintenant accepter la perte d’une partie de leur ancienne vie. Selon la psychologue Kalina Yordanova, le processus de deuil est d’autant plus complexe que l’exposition aux événements traumatisants et au conflit a été longue.
Kalina Yordanova insiste sur l’importance de créer des structures dans les pays hôtes et d’informer les déplacés des possibilités de scolarisation, d’emploi et d’apprentissage de la langue locale. "Les réfugiés doivent se sentir en sécurité pour pouvoir commencer à reconstruire leur vie."
Kalina Yordanova rappelle que l’accueil de réfugiés demande une endurance et un engagement sur le long terme. "Lorsque nous rencontrons des personnes extrêmement traumatisées, nous sommes confrontés à un besoin d’empathie. Nous sommes également confrontés à des douleurs que nous préférons éviter. Finalement, c’est une position dans laquelle on ne choisit pas d’être." Pour la psychologue, ces sentiments peuvent engendrer de la lassitude dans les communautés d’accueil, voire même de la colère. (...)
Le nombre d’enfants ayant dû fuit la guerre en Ukraine exige également un effort accru de la part des pays d’accueil, que ce soit en matière de scolarisation mais aussi d’assistance psychologique.
"Les enfants parlent très rarement parce qu’ils ne veulent pas inquiéter leurs parents. (...)
La gestion du retour
Selon les gardes-frontières polonais et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus d’un million d’Ukrainiens sont déjà retournés dans leur pays. Ces retours risquent également de représenter un défi pour la société ukrainienne. (...)
beaucoup ont accusé ceux partis d’avoir mené la belle vie pendant que la guerre faisait rage. Et parmi ceux qui sont revenus a régné un sentiment de culpabilité d’avoir abandonné son pays, ou un ressentiment envers ceux qui ont eu la possibilité de rester auprès de leurs proches.