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Guadeloupe : « La communication de la campagne de vaccination a été méprisante » juge Victoire Jasmin
Article mis en ligne le 16 août 2021

La Martinique, la Guadeloupe et la Réunion sont confrontées à une envolée des cas de covid. Localement, les élues ne décolèrent pas sur la façon dont les campagnes vaccinales se sont déroulées.

Depuis vendredi pour la Martinique, à partir de ce mercredi pour la Guadeloupe. Alors que les départements d’Outre-mer reconfinent, Jean Castex a annoncé, en urgence, le déploiement de 20 lits de réanimation supplémentaires aux Antilles. « Une prouesse médicale et logistique » à en croire la ministre de la Défense Florence Parly. Un aveu d’échec pour les élues de Guadeloupe et de Martinique qui déplorent un décalage entre les politiques publiques en métropole et dans leur territoire.
« Une phase extrêmement difficile »

En Guadeloupe, « nous sommes dans une situation catastrophique, nous avons dépassé les 3.000 cas par semaine », a lancé Valérie Denux, directrice générale de l’Agence régionale de santé (ARS) de Guadeloupe, lors d’une conférence de presse commune avec le préfet, mardi 3 août. « On est rentré dans une phase extrêmement difficile. »

Peu après, le préfet a annoncé reconfiner la Guadeloupe pour au moins trois semaines à partir de mercredi à 20 heures. Le couvre-feu est avancé à 20 heures (21h avant) jusqu’à 5 heures du matin. Dans la journée, les déplacements seront limités à 10 km autour du domicile, sauf motif impérieux et attestation. Bars, gymnases, stades et piscines seront fermés. Sur les plages, seule la présence « dynamique » sera permise.

Si la situation s’est dégradée ces derniers temps, c’est à cause d’un taux vaccinal plus faible qu’en métropole, explique le ministère de la Santé. (...)

« Ce n’est pas étonnant, lâche Victoire Jasmin, sénatrice socialiste de Guadeloupe. Nous n’avons pas eu la même offre vaccinale qu’en métropole. C’est simple, certains vaccins ne sont pas disponibles ici. Moi par exemple, c’est le médecin du Sénat qui m’a vacciné parce qu’un vaccin sans ARN n’était pas disponible en Guadeloupe. Je réalise ma chance, mais tout le monde n’a pas accès au médecin du Sénat. »

D’un ton dynamique, elle décrit une communication « méprisante » à l’encontre des Guadeloupéens et Guadeloupéennes. « Dans les campagnes de vaccination qui ont été faites par l’ARS, la communication était méprisante, infantilisante. Elle portait des jugements de valeurs inadéquats. J’ai entendu des journalistes expliquer que si on ne voulait pas être vacciné c’était à cause du vaudou. C’est complètement faux et si méprisant. On n’est moins vaccinés parce que la population voit que depuis des années elle est méprisée. La confiance dans les institutions s’est érodée et c’est un long chemin pour réussir à éteindre la méfiance. »

Pour elle, si le taux de vaccination est si bas, c’est à cause d’un manque d’investissements sur plusieurs années, de problèmes structurels qui n’ont pas été réglés et d’un manque de respect pour celles et ceux qui habitent en Guadeloupe. « Je vous parle avec mon cœur, là. Le covid-19 a mis en lumière tous les dysfonctionnements que l’on connaît, mais si on ne les règle pas, ils ne vont pas disparaître comme par magie. »

Reconfinement aussi en Martinique

Côté Martinique, le département d’Outre-Mer est aussi reconfiné depuis le 30 juillet au soir, pour trois semaines également. (...)

« Compte tenu de la faible couverture vaccinale, beaucoup de gens sont atteints par des formes graves du covid-19 », constate alarmée la sénatrice PS de Martinique, Catherine Conconne. « A trois semaines de la rentrée scolaire, on est dans une course contre la montre » décrit-elle.

La sénatrice évoque « une situation catastrophique » avec un engorgement des services hospitaliers et un nombre de morts en hausse. Si le renfort en termes de lits de réanimation est bienvenu, Catherine Conconne insiste sur le fait que la vaccination reste la seule solution pour sortir de cette crise. (...)

Un constat qui l’alarme d’autant plus face à la « défiance énorme » qui persiste vis-à-vis de la parole publique et scientifique sur la vaccination. Catherine Conconne reproche d’ailleurs à la classe politique de ne pas être montée au créneau suffisamment tôt sur la campagne vaccinale. « Cette défiance n’a fait qu’enflé, on a eu des manifestations de soignants protestant contre l’obligation vaccinale. On prend le Chlordécone (scandale sanitaire lié à un insecticide en Guadeloupe et en Martinique) en référence, on mélange tout », observe la sénatrice.
Des messages haineux

Elle qui promeut la campagne vaccinale a également été la cible de messages haineux à la suite de sa prise de position en faveur de la vaccination. L’urgence est d’autant plus forte que la présence du variant Delta devrait encore augmenter. Seule note d’optimisme, la sénatrice observe une hausse des vaccinations (...)

Quant à la Réunion, un confinement et un couvre-feu ont été mis en place le 31 juillet et au moins jusqu’au 16 août. (...)

Témoignage sur LinkedIn  :

Mathieu Raad • Médecin Anesthésiste Réanimateur et Consultant santé indépendant
Il y a 13 heures

Médecin réanimateur en Martinique, j’évacue ce soir un patient intubé vers Paris.
Encore un. Encore un patient qui sera soigné loin de sa famille. Encore des enfants qui risquent de perdre leur papa sans pouvoir être à ses côtés.
En Martinique, nous connaissons tous maintenant des décédés du COVID. Ce n’est plus une théorie lointaine mais une réalité qui nous touche au cœur dans notre entourage.
Les avis d’obsèques à la radio n’en finissent plus.
Des efforts humains et logistiques incroyables sont déployés mais aucun système de santé ne pourrait encaisser une telle vague de COVID.
La réanimation est pleine. Chaque admission d’un jeune patient se paye au prix d’une limitation des soins pour un plus âgé.
Comment faire ces choix impossibles pour donner un maximum de chance au plus grand nombre de malades ?
Comment annoncer à une famille que leur parent ne sera pas admis en réanimation ?
Comment gérer les tragédies familiales et la culpabilité de l’entourage d’avoir infecté son père, sa mère, ses grands parents ?
Comment annoncer à une femme enceinte qu’elle a perdu son bébé ?

Je sais bien qu’on aurait tous aimé plus de temps pour « attendre de voir », pour comprendre, pour accepter, pour réfléchir…. mais à quel prix ?

Nous soignants, nous serons toujours là pour nous battre à vos côtés. Aidez nous à vous aider. Protégez-vous, protégez vos familles.