
Helin Bölek, l’une des chanteuses de Grup Yorum, est décédée ce vendredi, à Istanbul. La musicienne venait d’entamer son 288e jour de grève de la faim.
Depuis mai 2019, Helin Bölek – aux côtés d’Ibrahim Gökçek – était en grève de la faim pour dénoncer la répression à l’encontre du groupe de musique révolutionnaire et les continuels empêchements organisés par le pouvoir turc. Comme d’autres membres de Grup Yorum, Helin était poursuivie pour « appartenance à une entreprise terroriste ».
Depuis le début des années 2000 la formation musicale est affiliée par le gouvernement au Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (1) (DHKP-C), d’obédience marxiste-léniniste, inscrit sur la liste des organisations terroristes de la Turquie, de l’Union européenne et des États-Unis. Des accusations « sans fondement » dont les musicien·nes ne cessent de se défendre depuis toutes ces années. (...)
Créé en 1985 par quatre étudiants en réaction au coup d’État militaire survenu cinq ans plus tôt, Grup Yorum place son art au service des « peuples opprimés de Turquie et d’ailleurs », milite pour les droits et les libertés. À cette époque, la junte militaire veut faire régner l’ordre et réprime brutalement l’ensemble de la gauche turque. Socialiste, anti-impérialiste et internationaliste, Grup Yorum chante la catastrophe minière de Soma (2), les exactions commises par les forces de sécurité ou la dure réalité des classes populaires. Les membres sont de toutes les manifestations démocratiques, de toutes les occupations. Pour dénoncer la répression culturelle envers les minorités, les paroles sont écrites en kurde, en arabe ou en circassien. En trente-cinq ans, Grup Yorum a vu défiler 70 musicien·nes, enregistré 23 albums et ouvert ses portes à près de 3.000 choristes. Son objectif : « Décloisonner l’art monopolisé par les classes bourgeoises ». Sans limite, il expérimente tout ce qui peut l’être : des chants traditionnels à la symphonie en passant par des compositions folk, rock ou hip-hop. Mais ce qui symbolise surtout Grup Yorum depuis la fin des années 1980, c’est son esprit de résistance aux gouvernements successifs. (...)
Affaibli, Ibrahim entame aujourd’hui son 291e jour de grève de la faim.
Les revendications des membres de Grup Yorum :
l’arrêt des descentes policières contre le centre culturel d’Idil, dans le quartier d’Okmeydanı, à Istanbul, perquisitionné plus de 10 fois au cours de ces deux dernières années.
- l’arrêt des interdictions de concerts en cours depuis près de trois ans.
- l’abandon total des poursuites intentées contre les membres de Grup Yorum.
- la libération des membres encore incarcéré·es.
- le retrait des noms des membres de Grup Yorum des listes terroristes.