
Deux membres du groupe anarchiste Rouvikonas viennent d’être condamnés lourdement pour avoir repeint en rouge et noir le parlement grec le 21 mai 2019.
Il y a quatre ans, la procédure avait rapidement été reportée sous la pression internationale, les ambassades de Grèce ayant été prises d’assaut sous différentes formes dans de nombreuses régions du monde durant le mois de juin 2019, à commencer par celle de Paris dès le 27 mai (...)
Quelques semaines plus tard, en septembre 2019, la droite se ridiculisait à son tour. Le nouveau président du parlement, Konstantinos Tasoulas (à gauche sur la photo ci-dessous), annonçait en grande pompe « Une ligne… Maginot contre Rouvikonas » pour « empêcher les anarchistes de revenir. » À la demande du nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de nombreux parlementaires anxieux, le président du parlement s’était réuni avec le chef de la police, Michalis Karamalakis (à droite sur la photo ci-dessous), et plusieurs « experts » pour mettre en place « un dispositif dans le but de renforcer la protection des députés et du lieu où ils se réunissent. » Le projet ? Une augmentation du nombre de caméras et de policiers autour du bâtiment, mais aussi des obstacles extérieurs supplémentaires, ainsi qu’une amélioration de l’arsenal à l’intérieur des lieux, au cas où il serait « pris d’assaut par les anarchistes. » Résultat : un grand éclat de rire en Grèce pour le choix de ce symbole, car on se rappelle que la ligne Maginot a été un échec complet ! (...)
Finalement, un procès bâclé s’est déroulé ces derniers jours et le tribunal d’Athènes s’est dépêché de rendre son verdict durant les derniers jours de la campagne électorale contre les deux membres de Rouvikonas ! À la surprise générale, les trois juges ont décidé de frapper très fort : trois ans et demi de prison, pour un peu de peinture et quelques fumigènes ! (...)
« Quelles traces laissent les actions contre la "démocratie" ? De la peinture ! Quelles traces laissent les actions de la "démocratie" ? Faim, Pauvreté, désespoir, suicides, chômeurs, morts » (...)
personne en Grèce n’a oublié la violation du résultat du référendum de juillet 2015 par Tsipras sous la pression des principaux dirigeants européens. Rares sont ceux qui lui pardonnent. Pour beaucoup, Tsipras est définitivement grillé et ne reviendra plus jamais au pouvoir. (...)
Sur quel principe le jugement du tribunal d’Athènes se base-t-il pour condamner aussi lourdement les deux membres de Rouvikonas ? Il existe en Grèce une vieille loi qui qualifie de crime toute profanation d’un monument historique. Hors, cette loi n’a jamais été utilisée. Et elle ne concerne que les monuments antiques ou médiévaux régulièrement entretenus par les services d’archéologie. Il se trouve que le parlement n’en fait pas partie : il est très récent et n’a aucune spécificité dans ce domaine. Durant le procès, l’avocate de Rouvikonas a parfaitement montré, preuves à l’appui, que le bâtiment centenaire n’est pas du tout suivi par les services d’archéologie. Elle a également rappelé qu’un des deux membres de Rouvikonas poursuivis n’a pas été identifié avec certitude. Il y a quelques jours, le procureur lui-même a proposé aux juges de requalifier le crime en délit, avec les conséquences que cela implique, en l’occurrence une condamnation beaucoup plus légère.
Mais, dans un climat politique délétère, en particulier une surenchère de discours sécuritaires qui a profité à la droite, les trois juges ont décidé de maintenir la qualification de « crime par profanation de monument historique » et ont finalement condamné à trois ans et demi de prison ferme les deux militants (l’amende est de 26400 euros).
Bien sûr, les deux membres du groupe anarchiste vont faire appel. Pour l’instant, ils sont encore en liberté, parmi nous. Mais la brutalité de l’État montre à quel point la situation s’est encore tendue ces derniers mois en Grèce, un peu comme en France, avec une répression sans cesse plus menaçante. Pour l’instant, cela ne freine pas le groupe dans ses nombreuses actions, un peu partout à Athènes et ailleurs ! Bien au contraire ! Le groupe a même essaimé dans toute l’Attique (cf carte) et les actions se sont multipliées cette semaine. (...)
Dans ce contexte kafkaïen, toute initiative de solidarité à l’égard des membres de Rouvikonas condamnés sera la bienvenue : action, texte, photo, vidéo, soutien financier ou politique… Ou ne serait-ce qu’en relayant l’info. Merci d’avance !
Parmi les chansons de soutien à Rouvikonas, en voici une francophone, signée Sid (qui est déjà venu en convoi avec nous) :