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Grandiose manifestation du mouvement ‘Que la troïka aille se faire foutre’
Article mis en ligne le 6 mars 2013

Témoignage d’un participant à la grande manifestation de Lisbonne ce week end, membre du mouvement "Que se fixe a troïka", "Que la troïka aille se faire foutre".

On a bien fait d’y aller. Et on n’était pas les seuls. On avait l’impression d’être un million. La télé a dit plutôt 500 000. Ce qui n’est déjà pas si mal. C’est le quart de la population totale de Lisbonne. Mais je suis persuadé que nous étions à peu près le double.

D’abord parce qu’ils ne savent pas compter autant de monde. Ensuite, parce que même s’ils savaient, ils ne tiendraient pas à ce que ça se sache. Enfin parce que c’est la télé qui l’a dit. La télé ne dit jamais la vérité, c’est comme une barrière physique, un verrou de fabrication. La vérité est interdite à la télé et quand nous l’aurons tous compris, nous pourrons enfin nous informer.

Ça, c’est ce que je sais. Et puis il y a ce que j’ai vu. Oh, j’ai déjà vu autant de monde dans les rues d’une ville, mais c’était au Brésil, au Carnaval à Rio et à Salvador. Mais personne là-bas n’oserait prétendre qu’il n’y a qu’un demi million de foliões (fêtards. Employé surtout au Brésil pour désigner ceux qui participent au Carnaval de rue).

Et j’ai vu aussi le regard des gens. Ce regard qui déborde de fierté, et de la conscience que le peuple est puissant s’il le décide. La conscience de participer à quelque chose de plus grand que soi, quelque chose d’extraordinaire et d’historique. Ce regard que l’on ne rencontre pas dans toutes ces manifs syndicales qui rassemblent pourtant 100 000 personnes, ce qui est déjà énorme pour ce petit pays.

Mais de toute façon, même si nous n’étions que 500 000, ça fait quand même plaisir et ça redonne du cœur à tous ces gens qui commençaient à désespérer. (...)

Manif nationale, donc, appelée par le mouvement « Que se lixe a troïka » (Que la troïka aille se faire foutre) auquel se sont joints tous les autres mouvements, partis et organisations. La grande centrale syndicale CGTP et même, je crois, toute l’intersyndicale, mais nous n’avons pas vu leurs grands cortèges traditionnels. Soit qu’ils ne s’étaient pas constitués, soit qu’ils aient été absorbés par la masse de cette population en marche.

C’était magnifique.

Nous sommes allés sur la place du Marquês de Pombal, où était prévue la concentration de départ. Nous y sommes arrivés par l’avenida da Liberdade qui est la grande artère que la manif descend ensuite. Je n’avais jamais vu ça mais elle était déjà pleine, noire de monde. Du monde qui montait au rassemblement et formait déjà une énorme manif, ou plutôt une foule immense comme au carnaval car il n’y avait ni pancartes, ni banderoles. En faisant le tour de la place, on a pu constater que c’était la même chose dans les autres rues et avenues arrivant sur le Marquês. (...)