
Encore une. La multinationale Goodyear, à Amiens, s’apprête à fermer son usine de pneus et à licencier les 1 250 ouvriers du site, menaçant 4 000 emplois indirects.
Une fermeture de plus, avec son lot de résignation ? Pas tout à fait. Car chez Goodyear, cela fait cinq ans que la fermeture est annoncée. Malgré les pressions de la direction et son manque de considération pour la santé des salariés, pas un licenciement, ni une baisse de salaire. Et ce, grâce à la résistance collective des ouvriers. (...)
Après tant de luttes, l’annonce de la fermeture de l’usine et du licenciement de 1 250 ouvriers, ce 31 janvier, laisse les Goodyear dubitatifs. Pas de date, pas de procédure : tout sera dévoilé lors d’un nouveau comité central d’établissement (CCE) le 12 février prochain. La seule nouveauté, c’est la possibilité de fermeture totale du site. « Depuis le début, c’est ce qu’ils cherchent », souffle Fabrice. (...)
« On va lutter pied-à-pied dans le cadre le plus unitaire possible », répète Virgilio. Rien n’est gagné d’avance, mais ils sont toujours là, déterminés et prêts à agir. Et surtout à se battre pour une loi sur les licenciements boursiers, qui permettrait d’interdire les plans sociaux dans les groupes qui réalisent des bénéfices. (...)
Les Goodyear seront mobilisés le 12 février prochain, lors du prochain CCE qui détaillera les conditions de la fermeture. Pour l’empêcher, une nouvelle fois. En face, dans l’usine Dunlop, les salariés ont accepté en 2007 de passer au « 4x8 » et subissent la flexibilité. Ils enchainent deux jours de travail le matin, deux jours l’après-midi, deux jours la nuit, avec une journée de pause au milieu, et deux jours de repos. Une cadence invivable. Et qui ne protège en rien leur emploi. Si Goodyear ferme, l’usine Dunlop pourrait être la prochaine sur la liste. (...)
Pendant ce temps, dans l’usine Goodyear, se mène un autre bataille, concernant les conditions de travail. Insalubrité, locaux vétustes, machines datant d’après-guerre… « C’est digne de Zola », estime Evelyne Becker, membre du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). (...)
Les fiches d’exposition n’existent toujours pas. Les salariés ont créé une association pour recenser les cas : elle compte aujourd’hui plus de 1 200 inscrits, salariés, retraités concernés ou leurs proches. L’objectif : faire condamner au niveau international la multinationale Goodyear, interdire les HAP toxiques et obtenir la reconnaissance des cancers des salariés comme maladie professionnelle. Une raison supplémentaire pour la direction d’en finir avec les Goodyear d’Amiens ?