
« A quoi bon ces 35 000 heures de mobilisation et de travaux pour accoucher d’une souris et ignorer les conclusions partagées par une majorité d’acteurs ? » Les organisations de la société civile ne décolèrent pas, alors que vient d’être adoptée la loi agriculture et alimentation en première lecture à l’Assemblée nationale, le 30 mai. Parmi les reculs, le refus de l’exécutif d’inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate d’ici à 2021, contrairement à l’avis d’une partie de sa majorité et à la promesse d’Emmanuel Macron. « C’est à mes yeux un rendez-vous manqué et une vraie déception car l’urgence écologique et de changement de modèle agricole est si forte », a notamment réagi Matthieu Orphelin, député LREM (voir le détail du vote).
Plusieurs amendements relatifs aux pesticides ont également été écartés, comme la création de périmètres de protection contre les épandages de pesticides autour des habitations – alors que plusieurs affaires d’écoliers atteints de cancers avaient défrayé la chronique – ou la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes. « Les préparations naturelles peu préoccupantes (purin d’ortie, de prêle, argile, vinaigre blanc... ndlr) sont la seule avancée de gagner sur le terrain des pesticides », (....) Les députés ont également voté la séparation des activités de conseil et de vente de produits phytosanitaires.
(...) Outre le refus d’introduire un menu végétarien dans les cantines, l’Assemblée a rejeté les amendements proposant d’interdire dans la loi des publicités pour des « produits alimentaires et boissons trop riches en sucre, sel ou matières grasses et ayant pour cible les enfants de moins de 16 ans ». Même rejet pour les amendements visant à rendre obligatoire la mention du Nutri-score (étiquetage avec un code couleur) dans les publicités sur les aliments. (...)
Quelques avancées
D’autres batailles ont cependant été remportées. Les députés ont ainsi interdit l’utilisation de bouteilles plastique dans les cantines scolaires d’ici 2020 et ont obtenu la mise à disposition obligatoire dans les restaurants de « doggy-bag », ces contenants permettant aux clients de repartir avec les restes de leurs repas. L’usage du dioxyde de titane E171, additif souvent utilisé sous forme de nanoparticules - en particulier dans les bonbons – est également suspendu. Le projet de loi prévoit que la restauration collective devra servir, d’ici 2022, au moins 50% de produits « de qualité », dont au minimum 20% en bio. Le champ de l’interdiction des néonicotinoïdes est étendu aux substances chimiques qui ont des modes d’action identiques. A partir de 2023 devront figurer sur certaines denrées alimentaires différentes mentions telles que « nourri aux OGM », le mode d’élevage, l’origine géographique, ou encore « le nombre de traitements, par des produits phytosanitaires sur les fruits et légumes frais ».