
Vendredi 1er septembre, au tribunal de Paris, seront jugés en diffamation les journalistes Patrick Cohen, Géraldine Woessner [1] et l’animateur Mac Lesggy, pour avoir qualifié en 2019 de « trompeuse » ou « frauduleuse » une étude scientifique menée par le professeur Gilles-Éric Séralini, lui-même traité de « fraudeur ».
Ce dernier est devenu une figure emblématique des controverses autour de la toxicité des OGM et du principal pesticide qui y est associé : le Roundup, à base notamment de glyphosate, et produit par Bayer-Monsanto. En 2012, le biologiste et chercheur à l’université de Caen publiait une étude au retentissement international, dont les résultats qui concluaient à la toxicité du Roundup et du maïs OGM NK603 de Monsanto, déclenchèrent de violentes polémiques et aboutirent au retrait de l’étude par la revue Food and Chemical Toxicology. Pression des lobbies de l’agrochimie, urgence sanitaire, controverses scientifiques : onze ans après, les tensions sont toujours aussi vives lorsque nous rencontrons le professeur Séralini, à la veille du procès qu’il intente à ses accusateurs. (...)
Gilles-Éric Séralini — Franchement, j’en ai marre. Je pensais que c’était fini, mais cela montre le travail de lobbying toujours très intense de Monsanto, racheté depuis par Bayer. On m’attaque sur mon intégrité, car l’accusation de fraude serait la seule manière d’obtenir ma révocation. Ces trois soi-disants journalistes ne font que relayer la propagande de Bayer-Monsanto, dont le but est de continuer coûte que coûte à commercialiser son Roundup, l’herbicide le plus vendu dans le monde. Et ils sont prêts à tout pour ça. À commencer par faire passer leurs détracteurs pour des fraudeurs.
En l’occurrence, j’ai porté plainte contre de nouvelles attaques survenues à l’occasion de la diffusion en janvier 2019 d’une émission d’Envoyé spécial sur le glyphosate dans laquelle j’interviens. Les réactions extrêmement violentes ont été immédiates, publiées en direct sur Twitter avant et pendant l’émission, ce qui montre que tout cela était préparé, comme l’a aussi souligné la rédaction d’Envoyé spécial dans sa réponse, qui évoque les trolls utilisés systématiquement par Monsanto sur les réseaux sociaux pour attaquer les enquêtes journalistiques qui le mettent en cause. En l’espèce, le message était clair : il fallait mettre la pression pour dissuader de m’inviter à nouveau, pour me couper la parole. (...)