
Alors que le régime syrien et son allié russe continuent de progresser dans le dernier bastion rebelle aux portes de Damas, le nombre de victimes civiles ne cesse de s’alourdir : 1.144 civils tués depuis le 18 février dont 240 enfants.
C’est une « apocalypse », un « enfer sur terre », selon les termes même de l’ONU. La partie rebelle de la Ghouta orientale, dernier bastion rebelle aux portes de Damas, est soumise à un déluge de feu d’une intensité inédite depuis début février ayant fait plus de 1.400 victimes civiles en moins de six semaines –du « jamais vu », selon les habitants et les observateurs, depuis le début du conflit syrien– à l’exception du massacre d’août 2013, lorsque le recours au gaz sarin par le régime de Bachar el-Assad avait provoqué la mort d’environ 1.300 personnes en une seule journée.
Enfants agonisants, crânes fendus, corps déchiquetés
Des images effroyables d’enfants agonisant sous les décombres ou aux crânes fendus, de corps déchiquetés gisant au sol, d’hôpitaux et de morgues débordées faute de cimetières, font le tour du monde chaque jour, face à l’incapacité de la communauté internationale de mettre fin à une « extermination collective », selon l’opposition syrienne. (...)
Le bilan humain n’a eu de cesse d’augmenter même durant les rares moments de répit, en raison de « nombreuses dépouilles ensevelies sous les décombres qui n’ont pu être retirées que plusieurs jours plus tard. […] Certaines croulent encore sous les ruines », poursuit Rami Abdel Rahmane.
Usage avéré d’armes chimiques (...)
Selon Médecins sans frontières (MSF), au moins quinze hôpitaux et centres médicaux ont été touchés par les bombardements, provoquant un arrêt partiel ou total de leurs services. L’ONG a déploré une « terrible catastrophe médicale », appelant à une entrée « sans entraves » du matériel médical, interdit d’accès par le régime.
Car pour resserrer l’étau autour d’une population déjà assiégée –jusqu’à la famine– depuis plus de quatre ans, le régime a sciemment interdit l’entrée d’aides médicales lors des deux seuls accès à haut risque de convois humanitaires autorisés par les autorités de Damas depuis le début de l’offensive. (...)
Lundi, un convoi de quarante-six camions a pénétré l’enclave, suite à de fortes pressions internationales, mais la moitié des rations alimentaires n’ont pu être livrées, selon le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), alors que le convoi a dû abréger sa mission en raison des bombardements.
« Nous avons réussi à livrer vendredi le reste des aides qui n’ont pas pu être acheminées », indique Linda Tom, porte-parole de l’organisation à Damas. (...)
les secouristes de la défense civile syrienne, connus sous le nom de « casques blancs » tentent, dans des conditions extrêmes et avec des moyens de bord, de sauver qui peut l’être. « Plus de 300 volontaires sont mobilisés jour et nuit depuis un mois et demi. Ils ont réussi à sauver 400 habitants », indique Majd Khalaf, membre de cette ONG, tandis que beaucoup de corps ont été retirés sans vie de sous les décombres.
« Quatre secouristes sont morts au cours de leurs missions. Ils font face à de grandes difficultés, dont les doubles ou les triples frappes », qui consistent en une succession de deux ou trois frappes contre une même cible, y compris après le déploiement des casques blancs. « Notre mission est rendue d’autant plus ardue par la baisse du nombre d’hôpitaux fonctionnels mais aussi par l’entassement de nombreux civils dans des sous-sol », ajoute-t-il. (...)
Impuissance ou hypocrisie occidentale ?
Si la France et les États-Unis ont menacé à plusieurs reprises depuis le début de l’offensive de représailles contre le régime syrien, aucune des ces mises en garde n’a été suivie d’actions sur le terrain, tandis que la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l’ONU –arrachée in extremis fin février, est restée lettre morte. Celle-ci prévoyait l’arrêt des hostilités sur l’ensemble du territoire syrien durant une période de trente jours.
« Je ne crois plus ni à la communauté internationale ni à l’Occident ni aux droits de l’Homme et ceux qui prétendent les défendre. Tous ont voulu nous tuer dans la Ghouta. »
Ahmad, un habitant (...)
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