
L’objectif de l’opération était de sécuriser la reprise des travaux de construction d’un barrage hydroélectrique suite à la demande du directeur de l’entreprise en charge des travaux [1] qui avait effectué sa requête auprès de la ministre de l’Economie.
Cette opération intervenait 4 jours seulement après la nomination de la nouvelle ministre de l’Économie et du développement durable Natia Turnava. Des pour-parlers étaient en cours et des activistes avaient été invités à aller s’exprimer au parlement afin d’expliquer les raisons de leur opposition au projet. Le Premier ministre à déclaré que la décision d’envoyer les forces anti-émeutes avait été prise après que des locaux avaient jeté des pierres et des bâtons sur des officiers du maintien de l’ordre. Les forces anti-émeute ont eu recours à des gaz lacrymogènes ainsi qu’a des balles en caoutchouc. Il y a eu en tout 55 blessés, dont 17 du côté des habitants. Plusieurs voitures de police ont été incendiées ainsi que des engins de construction. Les affrontements ont cessé une fois que la police a accepté de retirer ses forces comme demandé par les habitants.
Les locaux ont insisté sur le fait que la décision de reprendre la construction alors que la très large majorité de la population y est opposée constituait une provocation. Il est à noter que le recours à de tels moyens est réellement exceptionnel depuis la fin de la période Saakachvili. [2]
Dans cet article, nous allons voir que l’action des autorités survient dans un contexte de relations depuis longtemps délétères entre le gouvernement et les habitants de la vallée. (...)
La population se sent donc directement menacée par ce projet. Peu d’habitants disposent de revenus via une activité économique exercée dans la vallée. Beaucoup de familles comptent au moins un membre qui travaille à l’étranger. Et si certaines d’entre elles tentent de développer un tourisme local, celui-ci se trouverait fortement impacté par la réalisation du projet. Les deux premiers barrages construits par la compagnie « Alazani energy » provoquent déjà des pénuries en eau pour certains habitants, et la compagnie n’a toujours pas installé d’échelle à poisson, ce qui à déjà eu un impact sur la reproduction.
D’un point de vue juridique, ce projet présente plusieurs failles, comme indiqué par l’association de défenses des droit de l’homme EMC [3] qui à rédigé une plainte au nom des habitants de Pankissi afin de révoquer le permis de construire. (...)
Une contre-expertise à été réalisée [4] qui insiste sur le fait que ce projet aura un impact sur la qualité de l’eau. Un groupe de protection de l’environnement Green Alternative, explique clairement qu’avec ce barrage [5], c’est l’intégralité de l’écosystème du fleuve Alazani qui serait détruit et que le projet affectera largement la possibilité d’approvisionnement en eau des habitants.
À l’issue d’une première tentative de travaux mise en échec par la population en 2018, un conseil populaire avait été créé. Ce conseil implique les jeunes et les aînés et donne une voix égale à chacun, ce qui est nouveau dans le fonctionnement de la vallée. [6] (...)
Les habitants de la vallée représentent une minorité ethnique : les kistines sont stigmatisés en Géorgie par les médias [7] proches du pouvoir, et par certains acteurs politiques (...)
Dimanche soir devant le Parlement une centaine de personne s’est réunie pour soutenir les habitants de la vallée du Pankissi.
La démission de Natia Turnava, ministre de l’Économie et du développement durable, qui selon la police a décidé d’avoir recours au forces anti-émeutes, est demandée par trois ONG [23] au motif du conflit d’intérêt. En effet, Natia Turnava à travaillé pour le secteur privé de l’énergie, notamment pour Georgian Industrial Group.
Le ministre de l’intérieur Giorgi Gakharia a visité les policiers blessés, suite a quoi il a annoncé la construction d’un second commissariat dans la vallée. Une enquête à été ouverte pour incendie criminel et agressions sur les forces de l’ordre. Concernant le projet de barrage, il a déclaré que tant que 90 % de la population ne serait pas favorable au projet, celui ci resterait en suspens. Au vu des faits décrits précédemment, on peut légitimement se demander quels moyens, le gouvernement va employer pour faire consentir la population à ce projet.
A l’issue d’une réunion du conseil populaire mercredi 24, les participants ont communiqué leur volonté de ne pas opérer de dissociation entres ceux qui seraient visés par d’éventuelles poursuites judiciaires et le reste de la population. Ils ont à nouveau condamné la décision de reprise du projet et le recours à la force de la part des autorités. En dernier lieu ils ont affirmé leurs opposition catégorique au projet.