
Pruna, 19 ans, vient de la communauté des Gens du voyage. Elle a grandi sur une aire d’accueil polluée et milite pour que cela change. Elle aime par ailleurs parler des rites de sa communauté, la fan-fiction, la moto-cross et les aurores boréales.
Pruna, 19 ans, jeune femme appartenant à la communauté dite des gens du voyage et activiste, vit depuis ses 8 ans sur l’aire d’accueil d’Hellemmes-Ronchin en périphérie lilloise.
Pruna, sa famille et près de 200 personnes vivent sur le site depuis 2010. Le campement est difficile d’accès du fait de sa localisation entre terrains vagues et usines.
On n’est pas vraiment situé·e·s dans une carte… On n’est situé·e·s nulle part, en fait.
Aires d’accueil : un problème français
Dès 2000, en France, la loi Besson autorise les communes de plus de 5000 habitants à désigner les zones d’accueils des communautés itinérantes souhaitant se sédentariser. cependant, ce décret leur confère également le droit d’interdire leur installation sur le reste de la commune. C’est à cette spécificité française que s’intéresse le jeune juriste William Acker, qui décide alors de répertorier, localiser et analyser toutes les aires d’accueil de France.
William travaille seul pendant un an pour dénombrer les 1358 aires françaises dont plus de la moitié (51%) présentent des niveaux de pollutions visibles et dont près de 70% sont dits isolés (désert alimentaires, transports faibles voire inexistants...). William souligne la mise à l’écart des communautés du voyage qui affecte sévèrement la qualité de vie et l’insertion sociale de ces communautés, de la difficulté à scolariser leurs enfants, aux difficultés sanitaires, matérielles et économiques qui se voient exacerbées par la précarité du site.
L’air d’accueil de Pruna
Le site sur lequel Pruna et sa famille résident est un des pires recensés par William, mais n’a cependant pas été considéré comme inhabitable par la municipalité d’Hellemmes. Pourtant, les activités polluantes provenants des sites industriels environnants ont eu des effets particulièrement sévères sur l’entourage de Pruna. Elle se demande si ces pollutions n’ont pas causé les décès prématurés de son oncle des suites d’un cancer des poumons, puis de sa mère en 2019. (...)
La pollution environnante aurait également causé des crises d’asthme importantes chez les nouveaux-nés de la communauté, et les composants chimiques présents dans les matériaux de construction amènent avec eux de nombreuses maladies, dont la galle du ciment.
La communauté est ainsi contrainte de pratiquer une forme de confinement prolongé depuis de nombreuses années afin de réduire leur exposition à la pollution extérieure, même par grande chaleur. Ces conditions de vie contraignent également la jeune Pruna a éviter de parler de son lieu de vie auprès de ses ami.e.s, par honte de la précarité du site.
L’activisme comme levier de changement
C’est à la suite de la maladie de sa mère que Pruna décide de s’engager dans le collectif des Femmes LM (Hellemes) Ronchin pour défendre les droits et la dignité de sa communauté et revendiquer de changer de site. (...)
Pruna décide alors de rejoindre le collectif Femmes LM Ronchin, qui oeuvre à dénoncer l’ostracisme et l’indifférence institutionnelle que vit la communauté du voyage de Hellemes et s’affaire à porter leur voix à l’échelle municipale auprès des conseils de la ville. La lutte de ces femmes est d’abord écoféministe, alors qu’elles tentent de fédérer autour d’elles un grand nombre d’acteurs à l’intersection de plusieurs luttes associatives.
Pruna est aussi une membre active de l’association École pour Tous, qui cherche à faire changer la loi française empêchant les enfants sans domicile fixe de s’inscrire à l’école afin d’ouvrir l’accès à la scolarité à de nombreuses communautés aux conditions de vie précaires, dont celle du voyage.