
Alors que des personnes en situation de grande précarité dorment dans les rues, des dizaines de lits restent vides dans un centre d’hébergement d’urgence parisien destiné à l’accueil de réfugiés ukrainiens. Pour pouvoir y loger des sans-abri, peu importe leur nationalité, les associations Médecins du monde et Utopia 56 ont donc saisi la justice afin qu’elle ordonne à l’État d’ouvrir ces lits vacants à des personnes et des familles sans solution de logement.
Le jugement en appel a eu lieu ce vendredi devant le Conseil d’État. Paul Alauzy, chargé de projet à Médecins du monde, explique la démarche des deux associations requérantes : « Nous avons saisi le juge des référés en disant : ‘“Il y a urgence”. Nous, on rencontre avec l’association Utopia 56 tous les soirs des personnes à la rue, et notamment des familles, des bébés, parfois des enfants de deux jours, deux semaines, trois semaines, et on a appris qu’il y avait un centre d’accueil des Ukrainiens dans lequel il y avait des lits qui sont vides. Dans ce centre, nous on sait, de la part des personnes qui y travaillent, qu’il y a une capacité de 250 lits et que sur ces 250 lits il y en a en moyenne 120 qui sont occupés par soir, donc il y a en moyenne 130 lits qui sont vides tous les soirs dans ce centre. »
Les deux associations ont donc demandé à la justice à ce que ces lits qui sont vides tous les soirs soient mis à la disposition des plus vulnérables. (...)
Pour ces deux associations, il y a urgence à ouvrir les lits vacants dans le centre d’accueil des Ukrainiens, particulièrement en cette période de grand froid.
« Aujourd’hui, il fait -3, -4 degrés, les personnes qu’on rencontre, elles sont dans une détresse physique et psychique terrible, explique Chrystel Chatoux, co-présidente d’Utopia 56. Et ce sont des personnes qui, faute aujourd’hui de place en appelant le 115, qui est le numéro d’appel d’urgence pour les sans-abris, vont passer la nuit avec une simple couverture sur les épaules, alors qu’il y a des places libres au centre d’accueil des Ukrainiens. »
Une mère isolée de 27 ans vit à la rue avec sa fille de 4 ans, elle espère que la décision du Conseil d’État permettra de débloquer des places : « On espère vraiment parce qu’on ne comprend pas comment on peut garder des places pour des personnes qui ne sont même pas encore arrivées, alors qu’il y a des enfants dehors, dans le froid, ce n’est pas normal. »
Très attendue par les associations et les sans-abris, la décision du Conseil d’État sera connue en début de semaine prochaine.