
Les autorités françaises continuent de bafouer quotidiennement la loi et les droits des réfugiés et migrants à la frontière franco-italienne. Ces pratiques perdurent en dépit d’appels répétés d’associations, de l’accumulation de constats accablants dressés par des autorités publiques indépendantes et de plusieurs condamnations en justice
C’est ce qu’a montré une nouvelle mission d’observation à laquelle a participé MSF du 24 au 26 juin 2018.
À Menton, première ville en France après Vintimille côté Italien, le rétablissement des contrôles à la frontière en 2015 est devenu le prétexte à la banalisation de nombreuses pratiques illégales, comme le refoulement systématique vers l’Italie des personnes migrantes qui les empêche notamment de demander l’asile en France. Ce droit est pourtant garanti par la loi française et les règles internationales.(...)
Les autorités françaises n’hésitent pas non plus à renvoyer des enfants non accompagnés qui franchissent la frontière vers l’Italie, fermant les yeux sur leur obligation, au titre de l’enfance en danger, de protéger cette population particulièrement vulnérable.(...)
Des constats et recommandations similaires ont également été exprimés par des autorités publiques indépendantes telles le Défenseur des droits, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, ou encore la Commission nationale consultative des droits de l’homme, dénonçant tous la situation « hors la loi » qui a cours dans cette zone-frontière.(...)
Depuis, rien n’a vraiment changé. Les 48 heures d’observation directe menées à la frontière franco-italienne par MSF et d’autres partenaires ont démontré la persistance de l’usage de pratiques illégales par les autorités françaises.(...)
À cela s’ajoutent des tensions quotidiennes et la poursuite funeste du jeu du chat et de la souris auquel se livrent les autorités françaises et dans lequel les personnes en migration sont de plus en plus mises en danger. Dans les trains en provenance de Vintimille, tous arrêtés et contrôlés à Menton Garavan, les contrôles au faciès, pourtant prohibés, sont la norme.
Après un parcours souvent chaotique et violent, certains n’hésitent pas à prendre des risques supplémentaires pour traverser la frontière, parfois au péril de leur vie.(...)
Dans un contexte marqué par une surenchère d’hypocrisie et d’inhumanité sur les questions liées à l’organisation des migrations à l’échelle européenne, MSF et ses partenaires appellent les gouvernements français et italiens à trouver les moyens d’exercer une solidarité dans l’accueil plutôt qu’une compétition dans l’invective, le rejet des réfugiés et migrants et la violation des droits érigée en système.