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Mediapart
Fin du procès Bygmalion : Sarkozy sera fixé en septembre
Article mis en ligne le 23 juin 2021

Le long procès de l’affaire des comptes de campagne de l’élection présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy s’est achevé mardi 22 juin. Le jugement a été mis en délibéré au 30 septembre.

Au terme de cinq semaines et demie d’audiences, le procès marathon de l’affaire des comptes de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy s’est achevé mardi 22 juin au soir, après les dernières plaidoiries de la défense. Chose rare, la présidente de la 11e chambre correctionnelle de Paris, Caroline Viguier, remercie les prévenus et les avocats pour la qualité des débats, après que quelques-uns d’entre eux ont adressé des compliments (peut-être intéressés) au tribunal. Nicolas Sarkozy et Bastien Millot sont absents.

Si les débats ont effectivement été riches et les interrogatoires très précis, ce procès laisse toutefois un léger goût d’inachevé, comme souvent dans les dossiers politico-financiers. De sérieuses zones d’ombre demeurent sur ce qui s’est précisément tramé, ordonné et fait à l’UMP lorsqu’on s’est décidé à frauder, au printemps 2012. (...)

Certains prévenus ont reconnu une part de responsabilité dans le système de fausses factures mis en place pour masquer le dépassement considérable du plafond légal des dépenses de campagne. C’est le cas de ceux que l’on peut schématiquement ranger dans le clan Copé/Bygmalion. À savoir Jérôme Lavrilleux, Guy Alvès, Franck Attal et Sébastien Borivent, à l’exception notable de Bastien Millot, qui nie en bloc.

Ceux-là expliquent en substance avoir dû accepter le système des fausses factures pour être payés, et renvoient vers les dirigeants de l’UMP et ceux de l’équipe de campagne pour plus de précisions. Le fait que l’UMP (devenue LR) soit aujourd’hui partie civile et leur réclame quelque 16 millions d’euros de dommages et intérêts ne passe pas. (...)

Les sous-entendus fielleux de Nicolas Sarkozy sur ceux, chez Bygmalion, qui se seraient « gavés », inspirent encore cette tirade à Patrick Maisonneuve : « J’ai été choqué par cette posture de Nicolas Sarkozy, d’accuser ceux qui subissent toutes les conséquences de cette affaire depuis des années. » (...)

L’ancien président-candidat veut en effet se croire entièrement étranger aux dessous de sa campagne. Sur le plan pénal, rien ne peut lui être reproché, plaide son avocate ce mardi. « Il n’est pas au courant des fraudes, les ignore complètement. Comment peut-on s’imaginer qu’il a pu être d’accord ? », demande Gesche Le Fur (elle supplée son confrère Thierry Herzog, qui a dû quitter le procès le 15 juin pour raisons de santé). La défenseuse de Nicolas Sarkozy déplore les termes « blessants » et « injustes » du parquet à l’endroit de son client, qui n’aurait commis aucun délit. L’affaire a déjà été tranchée par le Conseil constitutionnel et la Commission de contrôle des comptes de campagne, assure Me Le Fur.

Chez ces gens-là, on ne parle pas !

Côté UMP, les anciens cadres dirigeants comme Fabienne Liadzé et Pierre Chassat reconnaissent du bout des lèvres avoir signé des engagements de dépenses litigieux, pour des montants certes considérables, mais sans être décisionnaires, insistent-ils. « Fabienne Liadzé, c’est la souris dans la cage aux fauves », plaide son avocate, Solange Doumic. Quant à Éric Cesari, alors directeur général de l’UMP et proche de Sarkozy, l’absurdité de ses dénégations n’a pas permis d’approcher la vérité sur ce qui s’est ourdi dans le parti.

« Chez ces gens-là, on ne parle pas ! », ironise Christian Saint-Palais, l’avocat de Jérôme Lavrilleux. Il note que tous les trois « se sont tenus », et ont encore « des liens avec l’UMP » : ils sont élus dans des communes des Hauts-de-Seine. Une « entente cordiale » s’est faite pour « charger Lavrilleux », plaide son avocat. (...)

Les anciens de l’équipe de campagne Sarkozy 2012 font partie de cette « entente ». Comme les anciens dirigeants de l’UMP, ils assurent n’avoir rien vu ni rien su des fraudes massives, et incriminent en chœur le clan Copé/Bygmalion. (...)

Il va maintenant falloir au tribunal déterminer les responsabilités des uns et des autres parmi les quatorze prévenus, dont seuls quelques-uns reconnaissent en partie leur culpabilité. Jeudi 17 juin, le parquet a requis la condamnation de tous les prévenus. Le jugement a été mis en délibéré au 30 septembre.