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la vie des idées
Femmes en résistances
Danièle Kergoat est une figure majeure de la sociologie du travail et du genre.
Article mis en ligne le 5 janvier 2013
dernière modification le 2 janvier 2013

Le titre de l’ouvrage résume à lui seul l’ambition de Danièle Kergoat qui écrit en première page d’introduction : « la révolte contre les rapports de classe, de sexe et de race [1] a structuré ma vie et orienté mes recherches » (p. 9). Pour Kergoat, qui dit révolte, dit « nécessité de comprendre les ressorts et les mécanismes des systèmes de domination » (ibid.), socle d’un vaste programme de recherche dont le livre retrace les lignes de force. Répertoriés en trois parties, « penser les dominations », « penser le travail » et « penser l’émancipation », les textes réunis livrent les outils théoriques développés par l’auteure et les résultats de ses enquêtes de terrain, mais esquissent également les contours d’une pratique sociale de recherche.

Ce livre est plus qu’une occasion de (re)lire certains articles qui ont irrigué la sociologie du travail, comme la sociologie féministe depuis la fin des années 1970 ; en effet, les différentes introductions permettent à l’auteure de se positionner dans le champ théorique, mais aussi dans les histoires collectives qui ont marqué son parcours intellectuel.

L’ouvrage s’ouvre et s’achève d’ailleurs sur les mêmes mots : « ‘ma’ sociologie témoigne » (p. 9 & p. 333) écrit-elle de son militantisme et de sa participation aux différents mouvements sociaux (le mouvement ouvrier, la guerre de libération menée par les Algériens et le mouvement des femmes). Ne nous méprenons pas, l’usage du pronom personnel ne renvoie pas à une pensée isolée, mais à la volonté de battre en brèche l’idée d’une neutralité axiologique portée d’ailleurs par nombre de chercheuses féministes.

En explicitant d’où elle parle, Danièle Kergoat porte un regard réflexif rare sur une trajectoire académique, ainsi étoffée d’une dimension collective et incarnée. Se battre disent-elles... signe certes la révolte de l’auteure, mais donne surtout voix au chapitre à la révolte des femmes rencontrées sur le terrain. (...)