
Des Anonymous sont parvenus à identifier sur le réseau chiffré Tor les 1626 membres d’un site utilisé pour la diffusion de contenus pédopornographiques, et ont publié notamment leurs pseudonymes et des logs de salons de discussion. Mais faut-il vraiment applaudir le fait que des internautes se substituent aux services de police ?
(...) même si l’on peut bien sûr se réjouir qu’un groupe participant activement à la diffusion de contenus pédopornographiques soit fermé, il ne nous semble pas qu’il s’agit là d’une méthode à applaudir des deux mains. Il y a quelque chose de totalement irresponsable à livrer en pâture les identités numériques des membres d’un réseau pédophile, dont certains seront peut-être identifiables "en vrai". Qui sait si parmi eux ne se trouvent pas des policiers infiltrés ? Ou des internautes trop curieux qui se sont inscrits "pour voir", pour enquêter, et qui n’ont eux-mêmes aucune activité pédophile ?
C’est à la police de mener de telles opérations de démasquage, pas à la population civile. Une société qui laisse se former des milices privées pour faire respecter l’ordre est une société anarchique qui ne peut aboutir qu’à un accroissement de la violence.
En traquant et en dénonçant les 1626 membres du réseau, les Anonymous n’ont pas arrêté leur pédophilie. Ils n’ont même probablement pas arrêté leur activité pédocriminelle. Au mieux l’ont-ils simplement suspendue ou ralentie. En revanche, ils ont probablement convaincu nombre d’entre eux qu’il fallait au plus vite effacer toutes traces, et donc peut-être détruit des mois ou des années de surveillance policière organisée pour réaliser en bout de course une arrestation massive et synchronisée des membres du réseau.
Reste que l’on ne peut totalement condamner Anonymous. (...)