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Fatimate, 10 ans, Ivoirienne en France, "terrorisée" à l’idée d’être renvoyée en Italie
Article mis en ligne le 17 février 2021
dernière modification le 16 février 2021

Huit mois après être arrivée en France, Fatimate, Ivoirienne de 10 ans et élève d’une école parisienne, risque l’expulsion, avec sa famille demandeuse d’asile, vers l’Italie où l’enfant dit avoir été maltraitée. Grâce à la mobilisation de son école, son expulsion a été repoussée à une date indéterminée.

Il y a encore quelques jours, Fatimate, 10 ans, ne parlait pas de son parcours atypique aux autres élèves de son école. Mais récemment tout a changé. Son établissement scolaire, l’école Fernand-Labori située dans le 18e arrondissement de Paris, s’est mobilisé pour elle et ses parents le 8 février afin de leur éviter une expulsion vers l’Italie, où ils sont dublinés. Depuis, Fatimate attire la curiosité.

"Elle est un peu au centre de l’attention parmi ses copines, explique Renaud Heinich, son instituteur de CM2, contacté par InfoMigrants. Maintenant elle parle de son histoire. Mais en classe rien n’a changé, c’est une élève comme les autres."

La famille originaire de Côte d’Ivoire devait être expulsée jeudi 11 février. Suite à la mobilisation du corps enseignant, des parents d’élèves mais aussi de militants et d’élus, sur l’impulsion de son instituteur, l’expulsion n’a pas eu lieu à la date prévue et le préfet a accepté de "rouvrir ce dossier". Mais la procédure d’éloignement n’a pas été annulée pour autant : le flou persiste quant au sort de cette famille. (...)

"En Italie, elle s’est fait mordre par un chien et personne n’a voulu la soigner"

L’enseignant de la petite fille a appris la situation précaire de son élève un soir à la sortie de la classe. "Fatimate m’a dit que ses parents avaient reçu une lettre de la police leur disant de rentrer en Italie", confie-t-il. Une éventualité qui "terrorise" la petite fille.

De l’Italie, Fatimate connaît surtout le sentiment d’exclusion. Elle y a passé plusieurs mois avec sa mère à partir de mars 2020 après avoir traversé la mer Méditerranée depuis la Libye.

"Cela s’est très mal passé, notamment parce qu’elle n’a pas eu accès aux soins", rapporte M. Heinich. En Italie, la petite Fatimate s’est fait attaquer par un chien. Personne n’a voulu la soigner à la suite de cet accident. "Ce sont d’autres migrants qui se sont occupés d’elle", dit encore l’enseignant. (...)

Fatimate a également vu sa mère être logée à la même enseigne le jour où celle-ci est tombée malade. Impossible alors pour cette femme d’être prise en charge dans les hôpitaux "qui ne voulaient pas d’elle". Là encore, la communauté migrante a été leur seule aide. (...)

Fatimate, qui a fait le voyage seule avec sa mère depuis la Côte d’Ivoire jusqu’en France, a retrouvé son père, Ibrahim Sangaré, après des années de séparation, à l’été 2020. En France, où ils ont déposé une demande d’asile le 15 octobre, ils vivent dans un hôtel Formule 1 à Sarcelles, en région parisienne.

"Fatimate nous a dit qu’elle préférait rester ici seule plutôt que de partir en Italie. Elle se sent à l’aise ici, on parle français, pas italien", avait expliqué à l’AFP son père, couturier de formation qui vivait un temps de petits boulots en France avant de se retrouver sans emploi. Ce dernier redoute d’être renvoyé en Côte d’Ivoire, pays qu’il affirme avoir fui pour que sa fille échappe à l’excision. (...)

Pour plaider la cause de cette famille, la communauté éducative avait adressé début février une lettre à l’Académie de Paris, dans laquelle elle mettait en avant les “réelles qualités d’intégration” de la jeune fille ainsi que son “investissement dans les apprentissages comme dans la vie de l’école”. “Une expulsion briserait cette scolarité et compromettrait l’avenir de Fatimate", avait jugé l’intersyndicale. "Elle serait aussi un drame et un choc pour toute l’école.” (...)