
Face aux manifestations des Gilets jaunes, les forces de l’ordre, équipées d’armes dangereuses, ont causé de graves mutilations, un manifestant dans le coma et la mort d’une octogénaire.
Samedi 1er décembre, la France a connu un épisode d’émeute inédit depuis les émeutes des quartiers populaires en 2005. Le mouvement des Gilets jaunes descendait une nouvelle fois dans la rue pour montrer sa colère : bataille autour de la place de l’Étoile à Paris, préfecture incendiée au Puy-en-Velay (Haute-Loire), ou encore gendarmes chargés au Pouzin (Ardèche)… Les actes d’une partie des manifestants ont été l’expression violente d’une rare colère. De Paris à Toulouse, en passant par Marseille, des barricades enflammées ont été érigées, des vitrines et des véhicules ont été vandalisées. « Je n’accepterai jamais la violence », a déclaré Emmanuel Macron depuis le G20, à Buenos Aires, en Argentine. Auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale lundi, Chrisophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a qualifié les actes des manifestants violents « d’extrêmement graves, d’indignes et de honteux ». Il a loué sans nuance « le courage et l’abnégation » des forces de l’ordre.
Elles se sont pourtant rendues responsables d’actions, contraire à la déontologie et à l’origine de graves blessées et d’un décès.
Trois mains arrachées depuis le 17 novembre
Les manifestants ont subi un déluge de munitions sans précédent. (...)
Le 1er décembre, à Bordeaux, un manifestant sexagénaire, Guy Bernier, s’est fait arracher la joue par un tir de LBD. Ce même samedi, une jeune homme de 28 ans est resté sur le carreau à Toulouse : Benoit a reçu un tir de LBD dans le crâne. Il souffre de multiples fractures au visage et au crâne. À l’hôpital, il a été plongé dans le coma. Ses jours sont menacés. (...)
Un jeune homme passé à tabac à Paris
En matière de violences policières, une vidéo tournée dans le huitième arrondissement de Paris agite la toile depuis ce week-end. On y voit huit policiers en tenue anti-émeute s’acharner à coups de matraques et de pieds sur un jeune tout seul et au sol. « Fils de pute », l’insultent-ils copieusement. (...)
Il est depuis hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière après avoir été tabassé par les policiers qui l’ont arrêté. Il a reçu une vingtaine de coup et souffre désormais d’une multitude de fractures au côté gauche du visage. Il n’est pas certain de retrouver l’usage de son œil gauche (...)
Alerté par la vidéo, le parquet de Paris a ouvert une enquête confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), pour « violences par personnes dépositaires de l’autorité publique ». (...)
Une octogénaire blessée mortellement à Marseille
À Marseille, la répression a blessé mortellement une octogénaire, alors qu’elle tentait de fermer les volets de son appartement dans le quartier de Noailles. Elle est morte à l’hôpital dimanche. Samedi 1er décembre, plusieurs rassemblements se sont tenus dans la cité phocéenne. Le plus fourni a rassemblé 12.000 personnes pour « un logement digne ». C’était la troisième marche de plus de 10.000 personnes, depuis l’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne qui a fait huit morts, en plein centre-ville, dans le quartier populaire et cosmopolite de Noailles.
Sur La Canebière, comme je l’ai observé, le cortège s’est mêlé aux gilets jaunes et aux militants de la CGT. (...)
Comme lors de la « marche de la colère », le 14 novembre, l’envoi massif de gaz lacrymogène s’est fait instantanément et sans sommation, sur un foule dans laquelle se trouvaient des enfants et des personnes âgées. Les gens ont reflué vers La Canebière. Là, des personnes échaudées ont monté des barricades, qu’ils enflammaient. Deux magasins ont été pillés. Les manifestants faisaient face à un déluge de lacrymogènes et de grenade de décencerclement. Les palets de lacrymogènes étaient tirés à travers le feuillage des platanes. Certains montaient plus haut que les immeubles, d’autres ricochaient sur les façades.
Au 12 de la rue des Feuillants, jouxtant La Canebière, Zineb Redouane, 80 ans, tentait de fermer ses volets pour mettre son appartement du 4e étage à l’abri. Elle a pris une salve en pleine tête. « On a retrouvé chez elle des plots de grenades », a confirmé Xavier Tarabeux, le procureur, dans la presse. (...)