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Face au coronavirus, des collectifs appellent à la « grève des loyers » en Espagne
Article mis en ligne le 2 avril 2020

L’Espagne, deuxième pays européen le plus touché par le coronavirus, a durci ses mesures de confinement, en vigueur depuis le 14 mars. Des collectifs s’inquiètent pour les plus vulnérables qui ont des difficultés pour payer le loyer.

L’Espagne entre en « hibernation ». Après avoir décrété l’état d’alerte le 14 mars et considérablement limité les déplacements des citoyens, le gouvernement a décidé, lundi 30 mars, de mettre à l’arrêt la quasi-totalité du système productif du pays. « Tous les travailleurs d’activités non essentielles doivent rester chez eux pendant les deux prochaines semaines, comme ils le font durant le weekend, a déclaré le Premier ministre Pedro Sánchez. Cette mesure réduira encore plus la mobilité des personnes, diminuera le risque de contagion et nous permettra de décongestionner les unités de soins intensifs (UCI) de nos hôpitaux. » (...)

Avec des moyens limités, ces UCI, notamment celles situées dans les grands foyers de l’épidémie (Madrid, Catalogne, Pays basque), sont saturées par les arrivées de patients atteints du Covid-19. L’Espagne est, derrière l’Italie, le deuxième pays européen le plus touché par le virus avec, selon un dernier bilan au 31 mars, 94.417 cas positifs avérés et 8.189 décès. Il s’agit à 86 % de personnes âgées de 70 ans et plus.

Pour juguler la crise sanitaire, le gouvernement a donc durci le confinement et ralenti au strict minimum l’activité économique. Le télétravail est encore permis pour ceux qui le peuvent. Les autres salariés à « l’activité non essentielle » sont renvoyés à la maison, au chômage partiel ou en congé forcé, rémunéré, dont les heures perdues devront être récupérées avant la fin de l’année. L’exécutif a également interdit les licenciements pour des motifs liés à l’épidémie de Covid-19 ou aux restrictions de mobilité en vigueur. Des collectifs ont cependant signifié leur inquiétude concernant les populations les plus vulnérables, victimes collatérales de « cette espèce d’hibernation » de l’économie du pays, comme l’a définie María Jesús Montero, porte-parole du gouvernement et ministre des Finances. (...)

Les syndicats de locataires ont appelé les familles, les petits commerçants et les auto-entrepreneurs affectés par la crise du coronavirus à une « grève des loyers » à partir du 1er avril. « Qui n’est pas rémunéré ne paye pas. Si l’économie productive s’arrête, l’économie rentière aussi, affirment ces organisations. (...)

Les syndicats, dont la pétition en ligne a recueilli plus de 55.000 signatures, demandent aux locataires souhaitant participer à la grève de se mettre en contact avec eux. Ils ont aussi créé une « cagnotte de résistance » en ligne, qui leur permettra d’assurer « une couverture légale » aux grévistes en cas de procédures juridiques.

Ces collectifs, qui précisent toutefois différencier les petits des grands propriétaires, ne souhaitant pas voir les premiers affectés négativement par la grève, maintiendront leur appel jusqu’à recevoir des signaux positifs du gouvernement. (...)

« La situation était déjà insoutenable, elle est désormais asphyxiante. Beaucoup de familles vont devoir se poser la question : je mange ou je paie le loyer ? » (...)

Le gouvernement a approuvé l’ouverture de « microcrédits » pour aider les locataires en difficulté (...)

Concernant les locataires de grands propriétaires, fonds d’investissement ou banques, l’exécutif annonce un moratoire de quatre mois pour le paiement du loyer. Ils bénéficieront d’une remise de dette de 50 % ou d’une restructuration de celle-ci. À noter, également, que les expulsions immobilières, grandes tragédies dans le pays depuis la crise de 2008, sont suspendues pendant six mois.

Un premier pas, certes, mais loin d’être suffisant aux yeux des syndicats. « Alors que l’économie s’effondre, que les revenus s’effondrent, les loyers doivent être perçus au même taux. Comme si tout continuait pareil », réagit sur Twitter Jaime Palomera, porte-parole du Sindicat de Llogateres à Barcelone. (...)