
Il est urgent aujourd’hui d’offrir des solutions d’hébergement pérennes et adaptées aux personnes expulsées du terrain contre l’avis du juge afin de permettre une prise en charge médicale.
(...) Le mercredi 3 février à 7h00, les forces de l’ordre ont procédé à l’expulsion des habitants du bidonville de la petite Ceinture, à la Porte des Poissonniers. La préfecture de police de Paris a alors soutenu que cette expulsion était l’exécution d’une décision de justice confirmée en octobre 2015 et demandant l’évacuation des lieux.
Or le 27 janvier 2016, soit une semaine avant cette expulsion, le Juge de l’exécution du TGI de Paris, saisi par les familles du terrain, avait rendu une décision qui accordait un délai jusqu’au 15 juin 2016. Le Juge se basait alors sur l’élément nouveau constitué par l’intervention de Médecins du Monde, et reprenait littéralement les éléments versés au dossier par l’association pour justifier le besoin de stabilité afin de favoriser les actions de santé publique et l’observance des traitements jusqu’à leur terme. Il concluait ainsi : « Il convient donc afin de pérenniser la prise en charge médicale d’octroyer aux demandeurs un délai jusqu’au 15 juin 2016 afin de quitter les lieux ».
Par ces mots, le juge s’approprie donc les arguments répétés inlassablement par notre association dans de tels contextes : les personnes malades ont besoin de protection et de stabilité, l’expulsion va aggraver leur situation et conduire à une dégradation des conditions sanitaires des personnes.
Or le Préfet de Police, le 3 février 2016, n’a pas tenu compte de cette décision pourtant antérieure.
Nous nous interrogeons alors sur la valeur que peut avoir, pour l’administration, une décision de justice : justifiant une expulsion lorsqu’elle y est favorable, mais écartée dès lors qu’elle oblige à un délai.
Nous nous interrogeons aussi sur la valeur accordée aux arguments sanitaires par les autorités publiques (...)
Il est urgent aujourd’hui d’offrir des solutions d’hébergement pérennes et adaptées aux personnes expulsées du terrain contre l’avis du juge afin de permettre une prise en charge médicale.
La parole et le travail des acteurs de santé doivent être respectés pour faire face aux enjeux de santé publique liés à la précarité.
Les décisions de justice ne peuvent être écartées quand elles vont dans le sens de la protection des personnes.