
Un reportage diffusé ce matin (11 décembre) sur France inter propose un édifiant bilan de l’expérience Espérance banlieues, ce réseau d’écoles privées hors contrat créé en 2012 qui compte aujourd’hui 10 établissements à travers le pays.
La journaliste Claire Chaudière revient sur le profil des enseignants (anciens cadres sans expérience de l’enseignement et jeunes en service civique) et s’arrête sur les graves lacunes éducatives dont souffrent d’anciens élèves. Plus grave encore, elle relate la plainte pour abus de confiance, déposée par plusieurs parents d’élèves d’une des écoles du réseau à Marseille. Le personnel semble en effet s’y être livré à d’étranges cérémonies de « bénédiction » dans un établissement se présentant pourtant comme aconfessionnel…
Le reportage de France inter rappelle aussi que le réseau d’écoles privées a reçu, dès son lancement, le soutien de personnalités telles Harry Roselmack ou Jamel Debbouze. Mais il omet celui de l’actuel ministre de l’éducation nationale pour ce réseau fondé par Eric Mestrallet, un proche de la « Manif pour tous ».
Le 4 avril 2016, Jean Michel Blanquer adressait pourtant un message vidéo enthousiaste à l’occasion d’un colloque organisé à l’Assemblée nationale. Dans cette déclaration, il érige le réseau privé en un véritable modèle. « Ce que fait Espérance banlieues aujourd’hui correspond aux types d’initiatives que nous devons prendre » déclare-t-il avant de souhaiter « bonne chance au projet espérance banlieue« . Pour le ministre de l’éducation nationale, ces écoles privées représentent en effet « ce qui réussit dans un système scolaire« . Au passage, l’ancien numéro 2 de la rue de Grenelle, qui a mis en oeuvre la suppression de la formation des enseignants pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, adresse un clin d’oeil taquin aux professeurs du public en soulignant la « formation appropriée » des enseignants Espérance banlieues.
Dans son message, Jean Michel Blanquer salue également un type particulier de « partenariat public-privé » éducatif (...)
. Prospérant sur les difficultés d’un secteur public diminué par l’austérité, les écoles Espérance banlieues bénéficient d’importants moyens. Ceux apportés par la droite, et notamment par Pécresse et Wauquiez (ce que dénonce depuis longtemps déjà ma camarade Corinne Morel Darleux, conseillère régionale en Auvergne Rhône Alpes). Et ceux offerts par des entreprises du CAC 40 comme Vinci, Bouygues ou L’Oréal.
Il est choquant, et contraire aux principes fondateurs de l’Ecole de la République, qu’un réseau d’écoles privées hors contrat soit érigé en modèle pour notre système éducatif. Et il est aujourd’hui particulièrement inquiétant de le constater alors qu’apparaissent de graves défaillances pouvant conduire à la mise en danger des enfants. Il y a là matière à clarification et à décisions urgentes de la part du ministre de l’éducation nationale.