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Basta !
Enquêter sur la santé des femmes au travail : une urgence sanitaire et sociale
#sante #femmes #cancer #travail #agricultrices
Article mis en ligne le 13 juin 2023

basta ! publie une nouvelle enquête sur les maladies professionnelles des femmes, trop souvent invisibilisées. Dans l’agriculture par exemple, elles paient un lourd tribut en termes de cancers, une injustice qu’il est urgent de documenter.

En France, moins de 10 % de celles qui ont pu relier leur cancer à leur travail ont obtenu la reconnaissance de l’origine professionnelle de leur maladie, contre 33 % pour les hommes [1]. En cause, notamment : le manque de recherches. Moins étudiées, les maladies des femmes sont moins visibles, et elles suscitent ensuite peu de projets de recherche.

Il est donc particulièrement ardu pour elles de prouver, quand elles tombent malades, que c’est à cause de leur travail. La plupart du temps, elles doivent batailler encore plus durement que leurs collègues masculins, pour qui il est déjà difficile d’obtenir justice.

Autre problème : on considère souvent que le travail des femmes n’est pas dangereux, contrairement à celui des hommes. Ce qui se passe dans le monde agricole est particulièrement éloquent : l’exposition aux pesticides des conducteurs d’engins est ainsi plus facile à faire reconnaître que celle des femmes qui s’occupent du conditionnement des fruits et légumes.

S’ajoute à cela que les femmes ont longtemps travaillé sans statut dans les fermes (et continuent encore parfois), ce qui rend la traçabilité de leur exposition impossible. En dehors des champs, dans les salons de coiffure ou à l’hôpital par exemple, elles sont très nombreuses à être exposées à des substances cancérogènes.

Souvent sans le savoir. (...)

La plupart des femmes ignorent qu’elles peuvent tomber malades de leur travail, encore plus qu’elles peuvent obtenir réparation. Elles ne sont pas les seules. Beaucoup d’employeurs sont inconscients des risques qu’ils font courir à leurs salariées, alors même qu’ils sont responsables de leur santé. Ou bien, ils n’en ont que faire.
Sortir de l’invisibilité

Quant aux soignants, ils sont trop peu à maîtriser les liens qui peuvent exister entre travail et cancer. (...)

À cela s’ajoute le travail de nuit dont l’impact sur le cancer du sein est aujourd’hui bien documenté (...)

Angle mort du côté féministe et syndical, la santé des femmes au travail doit devenir un sujet de préoccupation majeure. Comme leurs collègues masculins, elles sont des sentinelles. Ce qui les touche atteint aussi, quoique plus tard, l’ensemble de la population.

Sortir de l’invisibilité est la première étape de cette longue lutte et il revient aux médias de s’en charger. C’est pourquoil’enquête de Marion Perrier sur les agricultricesvictimes des pesticides est si importante.