
La fraude aux fausses génisses, récemment révélée, s’ajoute à la fraude au lisier, qui s’ajoute au non respect du plafond européen de rejet de phosphate
Et de trois ! C’est le nombre de fraudes massives pour contourner la règlementation environnementale (nitrates, phosphate) qu’ont vécu les Pays-Bas ces dernières années, a recensé l’Institut de l’élevage. Le problème, outre l’impact environnemental, c’est que ces fraudes ont des conséquences pour toute la filière laitière européenne. On peut même se demander si des Etats membres ne pourraient pas porter plainte.
« La première fraude est le dépassement du plafond européen de phosphate, qui leur a permis de produire 2 milliards de litres de lait en plus. Et la conséquence fut grave, puisque ces volumes sont arrivés en 2016 sur un marché engorgé. Ils sont donc en partie responsables de l’effondrement des marchés », rappelle Christophe Perrot, de l’Institut de l’élevage. A ce titre, les Etats membres pourraient se montrer plus virulents contre les Pays-Bas et la distorsion de concurrence engendrée par ce non respect de la règlementation.
La deuxième fraude est celle des fausses déclarations d’exportation et d’épandage de lisier, qui existait depuis plusieurs années. Elle a surtout concerné les élevages de porcs et volailles, mais aussi des élevages laitiers très intensifs (30 000 litres/ha SFP). Cette fraude a permis à des élevages de produire plus et d’économiser sur le coût du traitement des lisiers, grâce à de fausses exportations de lisier et des épandages illégaux. Elle conduit forcément à des surfertilisations et donc très certainement à des problèmes environnementaux. Mais aussi à une concurrence déloyale envers leurs voisins européens.
Les statistiques néerlandaises sont faussées
La troisième fraude, récemment révélée, est celle des fausses déclarations de veaux et de non déclaration de vaches. Il y a des vaches - on ne sait pas encore combien - qui n’ont pas été déclarées comme telles. Sur le papier, ce sont des génisses. (...)
« Et on pourrait parler d’une quatrième fraude, avec des vaches achetées en Allemagne, Danemark, République tchèque, qui ont été déclarées en tant que génisses. Les éleveurs ont profité d’une faille : le BDNI n’est pas interfacé entre les pays. Le numéro de l’animal transite avec lui, mais pas son historique (s’il a eu ou pas des veaux). Le ministère a suspecté la fraude en constatant des âges élevés de génisses », indique Christophe Perrot.
Pour ces deux dernières fraudes, les éleveurs voulaient pouvoir produire plus de lait tout en affichant un respect de leur quota phosphate. (...)
L’Institut de l’élevage rappelle que l’application de la réglementation environnementale est inégale entre les pays européens, conduisant à un dumping environnemental de la part de certains. "Un autre exemple vient d’Allemagne. Leur nombre de points de mesures de la qualité de l’eau est moindre que chez nous. Ils arrivent à noyer le poisson et à afficher une qualité de l’eau moyenne conforme. Sauf que dans le Nord-Ouest, une région qui a connu une forte augmentation de cheptel laitier, la qualité de l’eau se dégrade."