
Depuis le début du soulèvement qui secoue le pays, le regard masculin sur les femmes qui osent sortir la tête découverte a changé, racontent plusieurs Iraniennes contactées par « Le Monde ».
(...) Alors que depuis septembre, de plus en plus de femmes sortent dans la rue les cheveux au vent, la trentenaire dit subir beaucoup moins de commentaires déplaisants de la part des hommes. A la place, « ils me sourient et me remercient pour mon courage, explique Mahnaz. Une fois, j’étais assise sans foulard sur une banquette au centre de Téhéran. Un homme m’a lancé : “Je vous félicite d’être si belle sans ce maudit hidjab. Merci !” » (...)
« Dans un Snapp [la version iranienne d’Uber], j’ai demandé au chauffeur s’il préférait que je remette mon foulard », se souvient Mahnaz, qui cherchait ainsi à protéger le conducteur d’une amende et de poursuites judiciaires, ce à quoi s’exposent les propriétaires des véhicules dans lesquels se trouve une femme sans voile. « Le chauffeur, poursuit Mahnaz, m’a répondu : “Absolument pas. Ils peuvent m’envoyer tout ce qu’ils veulent. Vous, les femmes, vous payez le prix de la liberté avec vos vies. Moi, je peux payer une amende. Ce n’est pas grave.” » Depuis septembre 2022, au moins 525 civils ont été tués en lien avec la contestation, inédite dans son intensité et son étendue. (...)
Les autorités essayent d’étouffer la révolte des femmes par des moyens détournés, notamment en dressant les gens les uns contre les autres. De plus en plus d’hôtels, de commerces et de restaurants ont été obligés de baisser le rideau parce qu’ils avaient accueilli des clientes sans voile. Fin février, les pharmacies ont reçu l’ordre d’obliger leurs employées à se couvrir leurs cheveux d’un « maghnaé », une sorte de cagoule, encore plus stricte que le foulard. Indignés par cette injonction, des hommes iraniens ont lancé une campagne de solidarité avec les Iraniennes en se faisant photographier, parfois dans les pharmacies, avec une cagoule sur la tête. (...)