
Face au fléau des agressions sexuelles en Égypte, des militant-e-s ont choisi d’agir en rendant aux agresseurs la monnaie de leur pièce. Tandis que les autorités semblent enfin décidées à répondre.
Un jeune homme en jeans délavés, les cheveux gominés soigneusement coiffés en crête, se retrouve soudain encerclé par un groupe d’autres jeunes hommes. Eux portent des blousons vert fluorescent bardés de logos dénonçant le harcèlement sexuel.
Surpris, le jeune homme se retrouve immobilisé. Il est alors frappé légèrement sur les deux joues et son visage est marqué de noir. Après des remontrances sur son mauvais comportement, on note son signalement et le jeune homme est relâché, très embarrassé, tandis qu’une foule de curieux s’assemble autour de lui.
Cette scène se passe dans le centre du Caire. De nombreuses autres comme celle-ci ont été rapportées et filmées récemment. Certains des hommes ainsi « interpellés » étaient déjà marqués au mercurochrome, que leur avaient jeté des jeunes femmes armées de pistolets remplis de ce liquide, comme d’autres ont des bombes lacrymogènes. (...)
En raison du fléau du harcèlement sexuel, auquel les autorités égyptiennes ne semblent pas prêtes à répondre, les femmes égyptiennes ont pris les choses en main en organisant des campagnes anti-harcèlement. Au mois d’août, le Conseil national des femmes a lancé une campagne nationale de « Patrouilles contre le harcèlement sexuel ». Et ces actions sont soutenues par un nombre croissant de jeunes hommes qui ont formé des équipes anti-harcèlement. (...)
même des musulmanes conservatrices, aux cheveux couverts, sont la cible de harceleurs ; aussi bien que des femmes en niqab, qui couvrent entièrement leur corps, ne laissant que leurs yeux visibles.
Pendant la révolution égyptienne, et les nombreuses manifestations qui ont suivi sur la place Tahrir au Caire, des groupes d’hommes ont aussi attaqué des manifestantes, profitant de l’absence de la police et de l’anonymat offert par la foule. (...)
Le nombre croissant d’attaques a poussé le gouvernement à agir, malgré ses réticences. Lundi dernier, le premier ministre Hesham Qandil a annoncé que le gouvernement préparait un texte de loi qui durcirait les peines à l’encontre des agresseurs sexuels.
Par ailleurs, les autorités ont annoncé qu’elles prévoyaient de créer un réseau de surveillance dans les rues et sur les places principales du Caire pour combattre le phénomène. Les visages des agresseurs seront diffusées à la télévision et sur internet, ont-elles également annoncé.
Pour autant, les militants déplorent l’incapacité de la police à agir, même quand elle possède des informations sur les agresseurs. (...)