
Par l’intermédiaire de la radio, les femmes des communautés Quechua s’approprient dans leur langue les concepts d’autonomie, de droits, de démocratie.
(...) Pendant 3 ans, des femmes issues de 20 communautés rurales des vallées de Cochabamba ont travaillé à transcrire de l’Espagnol au Quechua des définitions et concepts relatifs aux droits, en s’appuyant sur leurs expériences. Au final, elles ont choisi 19 éléments, explique Olivia Román, la coordinatrice du programme. Parmi ces concepts : démocratie, légitimité, autonomie, droits, genre, violence, exclusion, discrimination, transparence, corruption ou justice.
Toutes les traductions n’étaient pas si simples. « Nous avions entendu ces mots en espagnol, mais nous ne savions pas vraiment ce qu’ils signifiaient. Alors nous avons discuté, débattu, pour les définir en Quechua », explique Norah Claros, une autre participante au programme. (...)
Pour revendiquer ses droits, il faut en avoir conscience. L’étape suivante a donc été de faire passer ces messages aux autres femmes, et de les aider à inclure ces concepts dans leur vie quotidienne.
Pour cela, certaines participantes ont proposé des ateliers, d’autres des spots radiophoniques ou des émissions de radio. Dans les vallées de cette région principalement agricole, sur le versant est de la Cordillère des Andes, la radio reste le meilleur moyen d’atteindre les femmes dans leurs foyers, dans des villages reculés où la télévision est un luxe inconcevable, en raison du manque d’électricité, et où les journaux n’arrivent pas. (...)
« L’audience a augmenté au fur et à mesure des émissions », souligne Roger Araoz, le directeur de la station qui appartient au réseau Educación Radiofónica de Bolivia (Erbol), lié à l’Eglise catholique. « Les auditeurs appelaient en nombre pour demander aux femmes de continuer, car elles faisaient un travail remarquable en expliquant les droits des femmes et en exprimant des critiques constructives à l’égard des autorités ».
Les quatre femmes estiment avoir atteint leur objectif : atteindre les foyers des communautés rurales autour de Ciza, et pousser les autorités locales à garantir les droits des femmes et l’exercice de la démocratie. Car l’idée que les femmes ne savent pas penser par elles-mêmes et ne devraient pas participer à la vie politique reste encore profondément ancrée dans les esprits. (...)
plus important encore, l’émission a permis à de nombreuses femmes Quechua d’apprendre qu’elles avaient des droits et de demander le respect, dans leur foyer, leur communauté et la société en général. (...)