Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
En Afghanistan, la justice fait toujours défaut aux femmes
Article mis en ligne le 30 mai 2018

« La procureure m’a dit qu’elle ne pouvait pas intervenir ni faire arrêter mon mari ». L’Etat afghan continue de manquer à ses devoirs de justice envers les femmes, accuse l’ONU dans un rapport accablant, qui souligne la persistance des crimes et violences à leur encontre.

Comme cette jeune femme de Mazar-i-Sharif (Nord), qui s’est confiée aux enquêteurs onusiens, de nombreuses victimes en Afghanistan se voient imposer par les représentants de l’Etat censés les protéger une procédure de médiation traditionnelle rarement en leur faveur, promouvant de facto l’impunité pour des auteurs de crimes graves.

Près de 600 affaires de coups, brûlures, viols, jets d’acide, prostitution et mariages forcés... allant jusqu’à des meurtres ont été examinées et suivies entre août 2015 et décembre 2017 par la Mission d’assistance de l’ONU en Afghanistan. D’après sa Division des droits humains, ce rapport, intitulé « Justice et Impunité - La médiation dans les crimes contre les femmes », est « sans doute le pire » qu’elle ait jamais publié. (...)

L’ONU a ainsi relevé « de nombreux cas où les victimes ont été renvoyées devant des médiations informelles sous la pression des familles, des ONG et même des institutions mises en place par la loi Evaw (...) avec l’accord des autorités, en violation du Code pénal ». (...)

Par ce biais, des crimes passibles d’un mois de prison à la peine de mort deviennent de simples « disputes familiales », au terme desquelles les victimes sont encouragées à se réconcilier avec leurs bourreaux, déplore Danielle Bell, directrice de la Division droits humains de la Manua, interrogée par l’AFP.

Le corps des femmes continue alors d’appartenir aux hommes de la famille.

« Ce que le rapport met en lumière c’est la brutale réalité des femmes demandant justice et qui se retrouvent au contraire forcées à accepter une médiation. Et nous avons répertorié de nombreux cas où la violence s’est intensifiée après une plainte réglée par médiation », regrette Danielle Bell. (...)

La violence contre les femmes afghanes est difficilement quantifiable en raison du manque de plaintes enregistrées par la police, mais pour l’ONU, elle n’est certainement pas en baisse dans le pays et reste au contraire « largement répandue », toutes régions confondues.